Julian Assange : Le gouvernement britannique signe la fin des whistle-blowers ?

La Fédération internationale des journalistes et ses 600.000 adhérents demandent la libération et la réhabilitation du propriétaire du site WikiLeaks, le très connu Julian Assange, au nom de la liberté de la presse. Encourant jusqu’à 175 ans de prison aux Etats-Unis pour espionnage notamment, Julian Assange est poursuivi pour la diffusion, à partir de 2010, de plus de 700 000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan. Le hacker australien semble aujourd’hui à cours de solutions pour échapper à la justice américaine plus longtemps : la cours britannique a rejeté sa demande d’appel en avril. Assange a refait appel ce 1er juillet. La ministre de l’intérieur britannique, Priti Patel, a approuvée l’ordonnance d’extradition.
Cette situation inquiète les journalistes du monde entier. L’affaire est dénoncée par des organisations de défense des droits humains comme une grave attaque contre la liberté de la presse. Il s’agit d’une inculpation « sans précédent dans l’histoire du journalisme aux États-Unis », qualifiée d’attaque contre le premier amendement de la Constitution américaine (qui garantit la liberté de la presse), car pour la première fois, le département de la Justice américain nie le caractère journalistique des agissements de Julian Assange.
« Si [Julian Assange] est extradé vers les Etats-Unis, les journalistes du monde entier devront regarder par-dessus leur épaule s’ils publient des informations préjudiciables aux intérêts américains », s’indigne Simon Crowther, membre de l’organisation Amnesty international.
Retour sur le raz-de marée Wikileaks
En 2010,Julian Assange fait fuiter sur son site WikiLeaks des documents classifiés américains, sur la guerre d’Irak, avec notamment une vidéo intitulée Collateral murder (« meurtre collatéral ») filmant le raid aérien du 12 juillet 2007 à Bagdad. Il y a également des fuites sur la guerre d’Afghanistan, révélant au monde les crimes de guerre des États-Unis et de leurs alliés, notamment le Royaume-Uni. C’est le début de la “cavale” d’Assange.
Entre 2010 et 2012, Assange est en liberté surveillée au Royaume-Uni en raison d’un mandat d’arrêt européen de la justice suédoise, à la suite d’une accusation de « délit sexuel » en Suède en 2010. Julian Assange clame son innocence et dénonce un prétexte pour qu’il soit extradé de Suède vers les États-Unis. En , la Cour suprême du Royaume-Uni rejette son ultime demande à ne pas être extradé vers la Suède.
Le , Julian Assange se réfugie à l’ambassade d’Équateur à Londres, où il vivra pendant 7 ans dans un espace confiné — il obtient l’asile politique le , puis est naturalisé le 12 décembre 2017 — dans la crainte des persécutions américaines, et d’une extradition vers le camp de Guantánamo. De nombreux observateurs estiment qu’Assange est victime de détention arbitraire ; il ne peut pas sortir de l’ambassade sans risquer une arrestation britannique et l’extradition vers les États-Unis. Il est alors surveillé en permanence par Scotland Yard et espionné par la Central Intelligence Agency (CIA).

Julian Assange making a speech at the Ecuador Embassy
En 2016, toujours enfermé dans l’ambassade d’Équateur, Julian Assange commente sur les réseaux sociaux la campagne pour l’élection présidentielle américaine. WikiLeaks publie alors des milliers de courriels piratés du Parti démocrate. Dans le cadre des accusations d’ingérences russes dans l’élection, de hauts responsables et les services de renseignement américains considèrent que la Russie a aidé WikiLeaks pour les diffuser, et ainsi peser sur l’élection pour faire élire Donald Trump.
Le , le président équatorien Lenín Moreno annonce le déchoir de la nationalité équatorienne — obtenue fin 2017 sous la présidence de Rafael Correa — et met fin à son droit d’asile. Le jour même, Assange est arrêté dans l’enceinte de l’ambassade par la police britannique. Les États-Unis demandent immédiatement son extradition. Le , il est condamné par la justice britannique à cinquante semaines de prison pour violation des conditions de sa liberté provisoire en 2012. L’affaire en justice suédoise se révèlera avoir été instrumentalisée par le Royaume-Uni, pour maintenir Assange sous mandat d’arrêt, et justifier son arrestation. La justice suédoise clôt définitivement cette affaire faute de preuves le , quelques mois après l’arrestation de Julian Assange par les Britanniques, et 9 ans après les faits reprochés.
Le , les États-Unis inculpent Julian Assange pour « espionnage », il encourt jusqu’à 175 ans de prison. Julian Assange est incarcéré en détention provisoire à la prison de haute sécurité de Belmarsh depuis le , jour de son arrestation à l’ambassade d’Équateur. De nombreux observateurs constatent une dégradation de sa santé du fait de l’isolement et du stress intense dû aux menaces qui pèsent sur lui, et appellent à mettre un terme à la « persécution collective » dont il est victime.