Ecosse: la première ministre relance la campagne pour l’indépendance

“Il est temps de parler d’indépendance.” C’est sur ces mots que la Première ministre écossaise a introduit sa volonté, mardi 14 juin, d’organiser un tout nouveau référendum d’ici à 2023, malgré une première consultation où 55% des électeurs avaient rejeté l’autodétermination en 2014 et le refus du gouvernement de Londres.
Présenter grâce à l’indépendance une “vision différente et meilleure” de l’Ecosse
C’est à l’occasion d’une conférence de presse, relayée notamment par un article provenant du The National que Nicola Sturgeon dévoile le premier d’une série de livres blancs plaidant pour une rupture avec le Royaume-Uni. Elle souhaite, après “tout ce qui est arrivé, le Brexit, le Covid, Boris Johnson”, présenter “une vision différente et meilleure ( de l’Ecosse)“. En tant que cheffe du parti indépendantiste NSP, elle estime que le Brexit, auquel les Écossais se sont opposés, a changé la donne et que la nation doit désormais pouvoir rejoindre l’Union européenne en tant qu’Etat indépendant. “Le Brexit nous a arrachés de l’UE […] avec des dommages énormes pour les conditions de vie, le commerce et les services publics” a t-elle déclaré au cours de cette même conférence de presse.
Building a new Scotland
Le premier document de cette longue série intitulée “Building a new Scotland” ( littéralement- construire une nouvelle Ecosse” présenté à l’occasion de cette conférence est un compte rendu détaillé d’une analyse auprès de dix pays faisant partie de l’Union Européenne, dont la Suisse ,la Belgique, l’Irlande. Basée sur des indicateurs économiques et sociaux, l’analyse tente de démontrer que ces pays sont “plus prospères, plus justes et plus productifs que le Royaume-Uni“, comme souligné par la dirigeante. Dans les prochains mois, d’autres documents suivront, se concentrant plus particulièrement sur la monnaie, la défense, la sécurité…
Un référendum auquel Boris Johnson s’oppose
Le Premier ministre britannique Boris Johnson, qui a le dernier mot pour autoriser ou non ce référendum, s’y oppose fermement, estimant qu’une telle consultation ne peut se produire “qu’une fois par génération” …. une condition absurde et anti-démocratique selon la Première ministre: “Ce gouvernement n’a pas de respect pour la démocratie! […] Nous avons un premier ministre sans autorité démocratique en Ecosse et sans autorité morale partout au Royaume-Uni.“
Une indépendance voulue par la moitie des Ecossais
Selon un sondage publié en janvier 2021 par le Sunday Times, 50% des électeurs écossais sont favorables à la tenue d’un référendum sur l’indépendance. En excluant les indécis, 52 % des sondés soutiennent l’indépendance. Le sondage publié indique aussi que 51 % des électeurs d’Irlande du Nord veulent un référendum sur la réunification de l’Irlande, montrant une autre fissure dans l’unité du Royaume-Uni. En 2016 à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, 62% des Ecossais s’étaient opposés au Brexit, alors que les Britanniques, dans leur ensemble, avaient voté à 51,9 % pour le Brexit. Selon Harold Hyman, spécialiste géopolitique de BFM TV, si la moitié des Ecossais veulent l’indépendance c’est pour “En terminer justement avec le système économique, et l’ambiance libérale, actuelle.” Selon lui, “ Les électeurs veulent du logement social, et le maintien de l’emploi subventionné. Les considérations nationalistes arrivent seulement après tout cela.”