Charles Dickens: qui est vraiment le plus grand écrivain de l’époque victorienne?

Ce qui fait la richesse du Royaume-Uni, c’est en grande partie son patrimoine culturel extrêmement riche dans tous les domaines: son architecture, sa musique, mais surtout sa littérature. Elle comprend des auteurs connus mondialement comme Agatha Christie ou encore sir Arthur Conan Doyle, mais aussi d’autres écrivains méconnus comme John Donne ou Alexander Pope. Toujours est-il qu’au cours des siècles, chacun d’entre eux a apporté sa pierre à l’édifice de la littérature britannique, participant ainsi à construire les mentalités, analyser la société anglaise et façonner le Royaume-Uni que nous connaissons aujourd’hui.
LondresMag vous invitera à l’avenir à (re)découvir des auteurs britanniques pour en savoir un peu plus sur leur vie, leurs œuvres et ce qui fait d’eux des figures incontournables pour comprendre en profondeur la société et la mentalité anglaise.
Charles Dickens: le plus grand écrivain de l’époque victorienne
Et comment commencer cette série autrement que par la présentation du plus incontournable des auteurs britanniques: Charles Dickens. Que ce soit avec Oliver Twist, Les grandes espérances , David Copperfield ou encore un Chant de Noël, vous avez forcément croisé l’une de ses œuvres au cours de votre vie. Que ce soit en cours, au théâtre, au cinéma… Charles Dickens, c’est un peu cet auteur que l’on connaît tous, un peu comme un nom qui serait d’intérêt général, sans pour autant parvenir à le placer précisément dans l’espace-temps. Cependant, la vie de celui qui est considéré dès son vivant comme le plus grand écrivain de l’époque victorienne est aussi fascinante et rocambolesque que les romans d’aventure qu’il se plaît à rédiger.

Les grandes espérances, par Charles Dickens

Oliver Twist, par Charles Dickens
La première photographie que l’on a de Charles Dickens date de 1850, sur un daguerréotype d’Antoine Claudet. Il s’y présente comme un homme sévère, respectable, solide, rasé de près, à la tenue élégante. Il y paraît grand, malgré ses 1m72, une impression certainement due à sa carrure imposante ainsi qu’à la solennité qui imprègne ses traits, qui se durciront par la suite en un vieillissement prématuré.

première photographie de Charles Dickens
Les origines du génie
Charles Dickens naît à Portsmouth le 7 février 1812. Il passe une enfance heureuse à Chatham. Issu d’une famille modeste, son père est incarcéré pour dettes. Il est donc contraint très jeune à arrêter ses études. Dès l’âge de 12 ans, il se retrouve employé dans une fabrique de cirage. Une expérience que beaucoup considèrent comme étant le trigger de son génie puisque la pauvreté, la faim, l’insécurité financière qui contraste avec le temps de l’enfance sont des thématiques que l’on retrouve fréquemment au long de ses récits.
Quelques temps plus tard, Charles Dickens entreprend tout de même trois années d’études et entre ainsi dans un cabinet juridique au service d’un avoué. Passionné de lecture, il trouve une place en tant que sténographe dans une revue. Dès 1833 alors qu’il n’a que 21 ans, il fait ses débuts d’écrivain dans divers journaux et magazines de contes dans les quartiers populaires de Londres. En 1836, son premier livre de contes et autres pièces intitulées “Les Esquisses de Boz” (Boz étant son pseudonyme) paraît. Son talent est révélé un an plus tard avec “Les Aventures de M. Pickwick“, son succès est immédiat. Le couronnement de ce tourbillon est la rencontre, en décembre 1836, de John Forster, auteur, critique, conseiller littéraire, bientôt l’ami intime, le confident et futur premier biographe.
Charles Dickens, amant et époux
En 1835, Charles Dickens s’éprend de Catherine, la fille aînée de George Hogarth auprès duquel il travaille et dont il fréquente souvent la famille. Catherine Hoghart est une femme généralement décrite comme gaie, agréable à vivre, douce. Avec Catherine, Charles Dickens aura deux enfants: Charles ( 1835) , Mary (1836) et Kate ( 1839). Dickens écrit ses premiers grands ouvrages et reçoit nombre d’amis écrivains. En 1838, Dickens publie Nicholas Nickleby avec, en conclusion, une vision de bonheur conjugal, les deux héros s’aimant dans une campagne idyllique avec plusieurs enfants, miroir, selon Jane Smiley, de la vie rêvée de l’auteur.

Catherine Hoghart
Cependant, un drame familial vient mettre fin à l’idylle du couple.
Mary Scott Hogarth (1820-1837) est venue en février 1837 s’installer chez les Dickens pour aider sa sœur de nouveau enceinte. Charles se prend d’une véritable idolâtrie pour cette adolescente qui, d’après Fred Kaplan, devient « une amie intime, une sœur d’exception, une compagne au foyer ». En 1837, Mary meurt brusquement à la suite d’un malaise. Charles Dickens lui ôte une bague, qu’il gardera toute sa vie sous ses vêtements. Catherine est pour sa part extrêmement touchée de la mort de sa sœur, mais conserve une certaine amertume en voyant la détresse dans laquelle le décès de cette dernière a plongé son époux. Suite à cela se développeront des problèmes conjugaux qui mènera à la séparation progressive du couple.
Charles Dickens, pas seulement écrivain
Charles Dickens prend plaisir à la scène. Chez ses parents à Bentinck House, il crée une petite compagnie familiale, et au Queen’s Theatre de Montréal en 1842, il aide les officiers de la garnison, The Goldstream Guards, à monter un spectacle. En 1845 il rassemble acteurs, professionnels et amis. Il se lance dans la mise en scène et la production. Sa troupe attire l’attention et est souvent demandée à Londres et en province. Le journalisme également, a été l’une des activités principales de Dickens : en 1845, il participe au lancement du Daily News, à vocation libérale. Bientôt, Dickens en devient brièvement le rédacteur en chef avec l’énorme rémunération annuelle de 2 000 £. Son propre père est ensuite placé à la tête des reporters.
Vers la fin de sa vie, Charles Dickens exprime la haute idée qu’il se fait de sa vocation : « Lorsque je me suis d’abord engagé en littérature en Angleterre, j’ai calmement résolu en mon for intérieur que, réussite ou échec, la littérature serait ma seule profession […] J’ai passé un contrat avec moi-même, selon quoi, à travers ma personne, la littérature se dresserait, en soi, pour soi et par soi. » Amant, journaliste, ami, révolutionnaire, dramaturge, père, écrivain de génie: Charles Dickens n’a pas fini de faire rêver des générations à travers le monde entier et reste encore aujourd’hui une référence dans le monde de la littérature.
Pour visiter le Dickens museum : rendez-vous au 48 Doughty Street, qui fut la résidence de Charles Dickens.