Alexandre Holroyd, député des Français établis en Europe du Nord: “Aujourd’hui il existe trois alternatives: une seule est pro-Europe”

Alexandre Holroyd est le député de la troisième circonscription des français de l’étranger ( résidents en Europe du Nord). Élu il y a cinq ans en juin 2017, il se représente aujourd’hui au sein de cette même circonscription, toujours en tant que candidat de la majorité présidentielle ( LREM). Son parcours de vie est en corrélation avec la circonscription dont il est responsable: né d’un père anglais et d’une mère française, il a passé 26 ans de sa vie au Royaume-Uni en tant qu’élève, étudiant et travailleur. Il fait des études de Sciences Politiques et d’économie à la LSE avant d’occuper un poste en tant que spécialiste de la régulation. Lorsqu’en 2017, Emmanuel Macron commence à esquisser sa candidature, il se reconnaît dans la manière dont il conçoit la gouvernance de la France. Il décide de poser sa démission pour pouvoir l’aider. Pour Alexandre Holroyd, la France avait besoin d’Emmanuel Macron en 2017, et en a toujours besoin aujourd’hui.
Quelles sont vos fonctions, en tant que député à l’Assemblée nationale? En tant que député des français de la troisième circonscription?
Alexandre Holroyd: Pour ce qui est de mon rôle national, je suis le député chargé des textes budgétaires, un élément au cœur de l’action publique. Je contrôle le Financement du consulat, du ministère des Affaires étrangères, ainsi que tous les impôts et les dépenses de l’État. Premièrement, tous les prélèvements, ensuite toutes les dépenses. Au sein de ma circonscription, j’essaie de participer aux grands débats nationaux du pays auprès des Français basés en France métropolitaine, mais également auprès des Français résidents à l’étranger, qui ont également un avis sur les questions nationales car ils sont Français à part entière . Le deuxième chapeau que j’endosse est la relation que je crée avec ma circonscription: j’essaie de trouver des solutions lorsque des individus ont des problèmes d’ordre politique. Par exemple, le mariage gay n’était pas reconnu au Royaume-Uni. Après discussion avec la garde des sceaux et le ministre de la Justice à l’époque, une circulaire a été adoptée qui permet désormais de convertir son mariage au Royaume-Uni en un mariage Français. Dans le cas du Brexit, toutes les situations ont été abordées. Avec le Président de la République, nous avons fait ce qu’il fallait pour que les citoyens soient protégés et que leurs droits soient respectés.
Vous ressortez aujourd’hui de 5 ans de fonction en tant que député pour les Français résidents en Europe du Nord. Quel est votre bilan de ces cinq années d’exercice?
Tout d’abord, on parle de cinq années très particulières, traversées par de graves crises dont la crise sanitaire. Lorsque je pose un regard sur ce quinquennat au niveau national, je constate qu’on a eu des résultats notamment concernant le chômage. Il est en baisse pour tout le monde, y compris chez les jeunes et les plus fragiles. Si on arrive au plein emplois, ce sera tout simplement historique: 40 ans que cela n’est pas arrivé en France. Derrière ces statistiques, ce sont des familles qui retrouvent une insertion sociale. D’un point de vue économique, la France a également prouvé son attractivité: elle passe devant l’Allemagne et le Royaume-Uni, ce qui n’était pas arrivé depuis trente ans. Je trouve aussi qu’on a très bien protégé les droits du citoyen, même s’ il reste encore des problèmes. Aujourd’hui, je travaille par exemple sur des cas de reconnaissance des diplômes médicaux anglais délivrés aux citoyens français pour qu’ils soient reconnus en France.
Quelles sont les principales mesures sur lesquelles vous souhaitez vous concentrer si vous remportez la majorité à l’Assemblée nationale et si vous êtes réélu en tant que député de votre circonscription?
Si on veut pouvoir mettre en place le programme pour lequel on se bat, il faut donner la majorité au président de la République à l’Assemblée nationale. Les élections législatives déterminent qui gouvernera la France, qui sera le Premier Ministre. Aujourd’hui, il existe trois alternatives et une seule est modérée et pro-européenne. A gauche, c’est une alliance anti européenne. Elle porte le même discours que les “brexiteurs”, porté alors par la droite britannique. Et de l’autre côté, on a l’extrême droite avec le Front National. Si nous remportons la majorité à l’Assemblée nationale, il y a quatre sujets principaux sur lesquels nous nous concentrerons particulièrement. Tout d’abord, l’Europe, qu’il faut continuer à construire et où la France doit adopter un rôle moteur. L’écologie, ensuite, car c’est la grande révolution et le grand défi de notre génération et qui doit s’inscrire dans la politique publique. Dynamisme économique ensuite, car le monde social ne vit et n’existe que parce qu’on est capable de le financer. Enfin, la solidarité , principalement à travers l’éducation, les écoles, et les hôpitaux publics.
Cette semaine vous partez à la rencontre des Français résidents au Danemark, en Norvège et en Suède, la semaine prochaine vous partez en Ecosse, en Islande… comment se passe votre campagne?
Oui je fais campagne, mais ces déplacements ne me changent pas vraiment de d’habitude puisque cela fait maintenant cinq ans que je vais à la rencontre des français résidents dans ma circonscription, sauf pendant le Covid. J’y vais pour expliquer et justifier ce que je fais à l’assemblée. Je suis très conscient d’être le dépositaire de la confiance qu’on m’a fait. J’essaie d’être un sujet de satisfaction. Cette semaine et la semaine prochaine, au cours de mes déplacements, je vais beaucoup parler de ce que j’aimerai faire: porter le sujet de l’Europe et accélérer la transition écologique. En plus de présenter mon projet, je souhaite être pleinement disponible pour répondre à leurs questions.
Lors de cette campagne présidentielle, on a beaucoup entendu parler de “vote utile” pour faire barrage à l’extrême droite au second tour. Est-ce une victoire en demi-teinte pour Emmanuel Macron?
Je suis conscient qu’au second tour, beaucoup de gens ont voté pour nous dans le but de faire barrage à Marine le Pen. Je suis le premier à les en remercier. Mais dire que la victoire d’Emmanuel Macron est une victoire en demi-teinte, c’est une vision biaisée: historiquement, jamais aucun président sortant n’a été réélu pour un second mandat avec autant de voix. On parle de dix-huit millions de français qui ont voté pour lui. Notre système démocratique est ainsi fait: le premier tour est souvent réservé au “choix du cœur”, et il arrive que l’on sélectionne un candidat par défaut au second tour. Évidemment qu’on ne peut jamais être 100% d’accord avec un candidat. On parle de soixante millions de citoyens, soixante millions de projets.
Cela fait quinze jours que les Français ont voté, que le président a été élu et quinze jours que la France n’a pas de gouvernement en action…
Je pense qu’il est préférable de réfléchir deux semaines et choisir un bon gouvernement plutôt que de se précipiter et choisir quelqu’un en trois jours ou sélectionner des gens au hasard. Le gouvernement est actuellement toujours en fonction et opérationnel.
Jean-Luc Mélenchon en tant que premier ministre, cela vous semble t-il réalisable?
Je ne pense pas que mon rôle soit de faire des prédictions. Cependant, je n’ai aucune forme d’admiration pour le régime porté par Jean-Luc Mélenchon. Ses idées sont parfaitement opposées aux miennes. Il mènerait l’Europe et la nouvelle génération vers la catastrophe et le chaos. Ses discours concernant la Russie sont particulièrement inquiétants. Je ferai tout pour éviter que Jean-Luc Mélenchon ne devienne Premier Ministre. Les Français ont aussi cette responsabilité de faire en sorte d’éviter cela.
Une alliance historique s’est récemment créée entre EELV et LFI. Quel regard portez vous sur cette nouvelle entente, la NUPES?
Je ne pense pas qu’il y ait une alliance entre la Gauche et les Verts, mais plutôt une mainmise de l’extrême gauche sur le Parti Socialiste et Europe Ecologie Les Verts, qui ne mérite désormais plus le premier “E” de son nom. Le parti de gauche pro européen est en train d’abandonner en rase campagne ses valeurs fondamentales. Si on s’intéresse au programme de cette “alliance”, on constate que c’est celui de Jean-Luc Mélenchon. Moi ce que je perçois, ce n’est pas une alliance, mais un soutien du PS et de EELV à la candidature LFI. Historiquement, c’est l’inverse qu’il se passe; les extrêmes se rangent vers les partis les plus modérés. Aujourd’hui, la gauche du gouvernement soutient l’extrême gauche. C’est dramatique.