Taux de chômage en baisse au Royaume-Uni: fausse bonne nouvelle?

Le taux de chômage au Royaume-Uni a reculé fin février de 3,8% selon les chiffres officiels, le taux le plus bas enregistré depuis 2009. Le nombre d’emplois vacants au cours du trimestre qui prend fin au mois de mars dernier a atteint les 1,288 million de postes. La cause ? Une pénurie de travailleurs, qui entraîne une attrition du marché du travail. Selon les estimations du Fond Monétaire International, le taux de chômage au Royaume-Uni devrait rester de l’ordre de 4,2% en 2022, soit une situation de quasi plein emploi. Cependant, derrière ces chiffres, la réalité des travailleurs d’Outre-Manche est moins réjouissante.
Le secteur de l’économie britannique moins attractif?
“Plus de gens sortent du marché du travail mais ne sont pas considérés comme des chômeurs parce qu’ils ne cherchent pas de travail”, explique dans un communiqué Darren Morgan, directeur des statistiques économiques de l’ONS. Selon lui, beaucoup de secteurs de l’économie britannique n’attirent plus d’employés, comme le domaine de l’hôtellerie restauration, l’industrie manufacturière, l’agriculture… Dans la foulée du Brexit, de la pandémie et de la guerre en Ukraine, les demandes d’emplois se font en effet plus rares. Pour ce qui est du salaire, des bonus élevés dans certains secteurs continuent à atténuer l’impact de la hausse des prix. Cependant, si on prend en compte l’inflation, le salaire de base chute.
La crise des recrutements
La guerre en Ukraine fait flamber les prix de l’énergie et du carburant qui étaient déjà en forte hausse depuis la fin de l’été, à cause de la reprise post-pandémie. Shuren Thiru, directeur économique de la chambre de commerce britannique souligne dans un communiqué que le “recul du taux de chômage est largement dû à une main d’œuvre qui se contracte et témoigne de la crise de recrutement auxquels font face les entreprises.” De graves pénuries d’employés pourraient persister et plomber l’activité économique. Si les salaires augmentent, ils sont à la traîne vis-à-vis de l’inflation. Cela pourrait encore ralentir les dépenses des consommateurs, un facteur déterminant de la croissance britannique. Il appelle à faire plus pour aider les gens, notamment les travailleurs les plus âgés.
Et en France?
A titre de comparaison, le taux de chômage en France est de 7,4%. En 2013, 2014 et 2015, il était de 10,5%. Cependant, la France reste la mauvaise élève de ses voisins européens. Pendant les trois derniers mois de 2021, le taux était de 3,2% en Allemagne et de 5% au Luxembourg.