Tous les chemins mènent à Carnaby Street

On ne présente plus Carnaby Street : centre névralgique de Soho et du West End depuis les années folles, elle a toujours été « the place to be ». Vitrine de la culture punk, pop, et hippie depuis les années 60, the famous Carnaby Street retrouve avec l’allégement des restrictions sanitaires ses rues bondées. Elle qui a toujours résonné de la musique des groupes indé et synonyme de joyeux brouhaha n’était pas préparée au silence soudain du confinement.
La période de Noël 2021 a constitué un premier pas vers la normalité ; l’assouplissement des conditions de voyage entre l’Angleterre et l’Europe a relancé le tourisme et la vaccination massive ont permis la réouverture des boutiques : les habitués et les curieux sont bel et bien de retour sur les pavés de Carnaby Street.
Inscrite dans son époque, elle a été le 26 mars le théâtre d’une cohue comme on peut en voir devant les Apple Stores ou les franchises Nike : d’énormes files d’attentes se sont formées devant l’enseigne Swatch pour la sortie de la MoonSwatch, en collaboration avec la très prisée marque d’horlogerie Oméga.
Il s’agit d’une version proche de la Speedmaster Moonwatch, modèle Oméga de luxe. A ce jour, la Speedmaster Professional Moonwatch reste la seule montre certifiée par la NASA pour une utilisation lors d’une «EVA» (Extra Vehicular Activity). En fait, la Speedmaster a été portée pour la première fois dans l’espace en 1962, par l’astronaute Wally Schirra, à bord de la mission Mercury-Atlas 8. Elle était également présent au poignet des astronautes des programmes Gemini et Apollo, soit six alunissages, d’où son nom… et d’où la frénésie autour de sa sortie ! En effet ce modèle ne coute que 250€. Bien que Swatch ait précisé que les 11 modèles n’étaient pas en édition limitée, certaines sont déjà revendues à 5.000 euros, soit 20 fois leur valeur de départ !
Cette rue aux boutiques mythiques a une forte histoire : tracée au XVIIème siècle, elle tire son nom de la première maison qui y fut construite, « Karnaby House ».
Dans les années 50 John Stephen ouvre le magasin « His Clothes » au 5 Carnaby Street. S’il cible les adolescents, le magasin attire aussi des stars, et pas des moindres : on peut citer Jimi Hendrix, David Bowie, les Beatles et les Rolling Stones, ainsi que des fashion icons comme Brigitte Bardot (une frenchie !), Twiggy et Elizabeth Taylor.
En 1966, Carnaby fait la couv du Time et son image s’exporte à l’international comme l’emblème, le QG du Swinging London.

Time Cover story, 15/04/1966
Devenue piétonne en 1973, elle est reconnaissable grâce à son signe et aux boutiques qui la bordent : de Vivienne Westwood à Doc Martens en passant par le mythique club Marquee Club au coin de Wardour Street), qui a vu les débuts de The Who. Indissociable du nom des Sex Pistols, photographiés en 1976 par Ray Stevenson.
En 2019 elle s’est illuminée aux couleurs du groupe Queen à l’occasion du biopic Bohemian Rapsody, en l’honneur de Freddy Mercury, Brian May, Roger Taylor et les autres. L’exubérance et l’originalité de leur musique et de leur style montre bien le vent de liberté qui souffle depuis toujours dans ces rues.
Rue historique mais bien campée dans son époque, elle est aujourd’hui au cœur d’une initiative des restaurateurs :
#CookForUkraine. Idée originale de Clerkenwell Boy et de NEXTGen London, il s’agit de partager l’amour de la bonne cuisine en aidant les autres. Les chefs proposent des recettes ukrainiennes revisités, et versent une partie de leur recettes (en livres cette fois) à l’UNICEF. Vous pouvez par exemple aller déguster des varenyky, aussi appelés pierogi chez Ugly Dumpling, au 1 Newburgh Street, London, W1F 7RB. Ces fameux raviolis accompagnés de sour cream (smetana) et d’oignons sont revisités par l’enseigne car cuits à la poêle et non bouillis. Ugly Dumpling versera £2 pour chaque portion achetée à l’Unicef. Ou comment joindre l’utile à l’agréable !