Odezenne, groupe de musique alternative français vient envoûter la capitale londonienne ! Présent à la Scala, ce jeudi 28 novembre, Londres Mag est parti à la rencontre de ces artistes qui bousculent les genres.
Ce sont trois Bordelais, Alix Caillet, Mattia Lucchini et Jacques Cormary, qui se produiront à la Scala, près de King’s Cross. C’est avec ce dernier, que Londres Magazine a pu échanger en vue de ce concert.
Londres Magazine : Ce n’est pas la première fois que vous venez à Londres, vous vous êtes déjà produits à l’Oslo Hackney ou au Jazz Café, cette fois-ci, vous êtes à la Scala, qui a déjà accueilli Coldplay ou Maroon 5, qu’est-ce que ça représente pour vous ?
Jacques Cormary : Cela va être la quatrième fois qu’on vient à Londres. Lors de notre première prestation, c’était dans une petite salle avec une cinquantaine de personnes ! Pouvoir fréquenter au fil des années et au fil des concerts des des salles comme celle-ci qui, comme tu dis, est assez emblématique, c’est une grande fierté. Et aussi de pouvoir y amener le groupe, toute l’équipe qui travaille avec nous, nos fans francophones et même les anglais, c’est vraiment une fierté. C’est le pays de la pop music quand même !
LM.: Odezenne est tout de même un groupe qui s’est fait tout seul, d’une certaine manière, cela pourrait s’appeler « Do It Yourself ». Enormément d’artistes britanniques se sont aussi développés de cette manière, sans passer par les maisons de disques traditionnelles, vous sentez-vous ainsi plus proches de la scène musicale britannique ?
J.C.: Je ne sais pas si cela est juste. C’est simplement de l’autonomie. Ce n’est pas parce que les gens qui sont dans le métier te disent qu’ils ne vont pas te donner un coup de main, que tu n’es pas en droit de t’organiser et de réaliser ce que dont tu rêves au niveau de la musique. Ce n’est parce que quelqu’un me dit que je ne vais pas vendre de disques, ni pouvoir donner de concerts que je vais arrêter la musique. Après, si on parle d’un rapprochement avec la façon de faire des Britanniques, ce serait plus sur scène. On prend nos synthés, nos guitares, on arrive et on fait un concert et pas un spectacle.
LM.: Pourquoi avoir choisi Glauque pour votre première partie ?
J.C.: Parce que ce sont des gars qui font de la bonne musique, qu’on aime bien, donc quitte à mettre quelqu’un avant nous, on préfère choisir notre support. Si on peut donner un petit coup de pouce aux gens qu’on aime bien, je ne vois pas pourquoi s’en priver. Mousssa a déjà participé à une de nos tournées. Et puis il fait du son à côté, c’est un ami, c’est notre petit frère, on le suit beaucoup, on a des nouvelles tous les jours mais il faut varier les plaisirs. la tournée d’avant c’était Equipe de Foot (NDLR : groupe de musique et pas une équipe de football), là on va avoir plusieurs artistes dont Glauque ou Johnny Mafia.
LM.: Vous avez enregistré votre album à Londres pendant 2 mois, pourquoi venir ici et ne pas rester dans des studios français ?
J.C.: Parce que nous étions avec notre ingé son historique, Bertrand Fresel, on lui a demandé comment avoir le meilleur son possible avec le matériel qu’on avait, on a beaucoup de matériels vintages, des synthés analogiques … Il faut donc aller dans un studio où il y a une vraie console et en cherchant à droite, à gauche on a trouvé ce studio qui en rapport qualité/prix arrange tout le monde et nous avons décidé de vivre cette aventure-là. L’objectif était donc de composer sur console analogique.
LM.: Par rapport à vos derniers albums, les paroles peuvent apparaître plus sombres, pourquoi ce virage ?
J.C.: Il n’y a pas que paroles sombres, il y a beaucoup de lumineux ! Avec l’humeur on grandit, on ne calcule pas ce qu’on écrit, ce qu’on compose. Il y a plein de choses positives.
LM.: Dans une précédente interview vous disiez : le morceau « tu pu du cul » n’aurait pas dû sortir et a été un élément déclencheur, est ce que quelque part vous regrettez un peu votre notoriété ?
J.C.: Pas du tout, on ne regrette pas. Quand on nous pose la question sur tu pu du cul et que ça n’aurait pas dû sortir, il y a un problème d’interprétation là-dessus. Les gens se disent « ah ils ne voulaient le sortir, c’est quand même sorti et ils regrettent ». Non, on a fait OVNI qui avait 15 titres, tu pu du cul était là, il n’est pas sorti parce qu’on avait 20-25 titres sur un album qui ne devait en contenir que 15, on a fait des choix et tu pu du cul n’était pas dans la liste. On n’a rien contre ce morceau. Puis après, on a proposé la réédition d’OVNI qui comprenait 5 titres et il était dedans. Et c’est le morceau qui a rencontré le public. Donc, non on ne regrette rien, ce n’est pas une erreur, c’est juste que pragmatiquement, il ne devait pas paraître. C’était juste une question de choix. Mais on nous pose souvent cette question et après notre façon de répondre la première fois, les gens ont interprété qu’on ne voulait pas et qu’on avait honte de ce morceau.
LM.: Comment expliquer le succès de la chanson Bleu Fuchsia qui a été le plus gros succès de votre dernier EP Pouchkine ?
J.C.: Comment l’expliquer ? Si je le savais, je ne ferais que ça ! Peut-être que ça parle aux gens, que c’est un sujet original. Peut-être que la musique est dansante, il y a un équilibre entre la mélancolie et la joie mais honnêtement je ne sais pas. On ne s’attend jamais à un succès, c’est toujours une chance.
LM.: Comment décririez vous l’évolution musicale du groupe, notamment sur les deux derniers albums ?
J.C.: C’est de plus en plus du Odezenne. On fait ce qu’on a en tête depuis plusieurs années et on commence à pouvoir le maîtriser. C’est à dire de la mélodie, de la composition pure. Des textes qui se veulent poétiques.
LM.: Pourquoi vous ne faites jamais ou très peu de collaborations, et seulement avec les artistes de vos premières parties ?
J.C.: Il faut passer du temps avec les gens, on est 3 dans le groupe donc il faut déjà que nous soyons d’accord entre nous, et si c’est pour faire une collaboration juste pour vendre plus de disques ou passer à la radio, ce n’est pas le but d’un musicien. On ne fait pas de la musique pour ça.
LM.: Est-ce que quelque part vous ne vous décririez pas comme des OVNIS de la scène musicale française ?
J.C.: Il y a quand même de plus grosses soucoupes volantes que nous ! On ne se pose pas vraiment la question, nous poursuivons notre petit bonhomme de chemin et on fait ce qu’on a envie de faire. Le reste c’est de l’histoire.
LM.: Petite question traditionnelle : quelles sont les personnalités mortes ou vivantes avec qui vous aimeriez partager un repas ?
J.C.: Alors je pense que pour Alix ce serait avec Jimi Hendrix, Jim Morrison. Pour Mattia ce serait avec John Lennon, Goerge Harrison, Paul McCartney et Bjork. Et pour moi j’aimerai bien partager un repas avec Bach, Beethoven et Picasso.
Alexandre Mondragon et Emma Lachèvre
PRATIQUE : Scala – 275 Pentonville Rd, London N1 9NL – jeudi 28 novembre – 19h30