A quoi ressemble Londres vue d’en haut ? Cette question énigmatique pour les Londoniens, Guillaume Squinazi en a fait son challenge quotidien. Le photographe français fait un focus sur la ville avec des clichés vertigineux dans son ouvrage Longues-vues de Londres. Rencontre avec ce spécialiste de l’altitude.
Paris, Londres, New York, Guillaume Squinazi est un voyageur mais un voyageur photo-journaliste. Dans les grandes villes du monde, son objectif devient une longue vue pour partager un coup d’oeil différent et unique. Rencontre avec ce flâneur des temps modernes.
Londres Magazine : Après Paris, pourquoi avoir choisi Londres ?
Guillaume Squinazi : Mon enfance a été bercée par des voyages scolaires dans la capitale anglaise. Après Paris, ma ville natale, c’est naturellement que je me suis tourné vers Londres. C’est une ville qui m’avait interpellé dès mon plus jeune âge par ses couleurs, ses espaces, son architecture et sa grandeur. Elle avait laissé en moi des images précises que j’ai voulu aller chercher au travers du prisme d’une longue-vue. Tous ces souvenirs enfouis ont alors pris sens et se sont inscrits naturellement dans la suite logique des Longues-vues de Paris.

Détail du Tower Bridge.
LM : Vu d’en haut, quel est le visage de Londres ?
G.S. : Vu d’en haut, le visage de Londres est massif et particulièrement étendu. Il peut sembler froid au premier abord, mais il est aussi composé de multiples facettes, de contrastes et de recoins. L’utilisation de la longue-vue pour le photographier a permis de renforcer son côté humain, ses couleurs, et ce mélange si particulier de modernité et d’histoire.
LM : Pourquoi avoir choisi des visions en “longues-vues” uniquement ?
G.S. : J’ai choisi les lieux depuis lesquels on photographie le plus. En arrivant sur ces lieux, j’ai cherché à produire des images qu’aucun appareil au monde n’avait pu saisir auparavant. C’est à Paris, que j’ai eu l’idée d’utiliser les longues-vues touristiques en bricolant un adaptateur pour y glisser mon appareil photo. Les images qui en sont sorties étaient rondes et exceptionnelles. J’ai ensuite reproduit la technique à Londres en utilisant ma propre longue-vue et le même adaptateur. La vision en « Longues-Vues » était une manière de partir d’un lieu emblématique, pour y apporter une vision déjà vue mais jamais saisie et ainsi répondre à la multitude de photos prises chaque jour depuis ces lieux. J’ai voulu reproduire précisément la vision que l’on a quand on met son œil devant une longue-vue. Ainsi, même si les images s’adaptent bien aux publications Instagram, elles ne sont pas un clin d’œil au réseau social.

Un bus traverse le London Bridge.
LM : Quelle a été votre vision la plus britannique ?
G.S. : Chaque image de mon livre est une des facettes qui composent une vision londonienne et britannique. Par exemple, la photo de la femme en rouge qui traverse une rue Londonienne d’un pas déterminé, celle des deux footballeurs dans leur quartier, le sommet du Tower Bridge ou celle de la Tamise au reflet bleu.
LM : Quel est votre plus beau cliché de Londres ?
G.S. : L’avion qui passe exactement à l’aplomb du Shard m’a demandé beaucoup de patience. Je le considère comme un de mes plus beaux clichés de Londres.

Bedale Street, Southwark Street.
LM : Après la Ville Lumière et Londres, pourquoi choisir ensuite, la Grosse Pomme ?
G.S. : Après avoir réalisé la prouesse des photos au travers d’une longue-vue dans 2 villes pour lesquelles j’avais des images et des souvenirs précis. J’ai voulu m’intéresser à ce qui m’était moins familier et découvrir une ville au travers d’une longue-vue. Le procédé reste le même mais ma connaissance de la ville était différente. New-York par ces hauteurs vertigineuses s’est imposée comme un terrain de jeu particulièrement riche et intéressant. Après Paris et Londres, la longue-vue confirme à New-York, qu’elle apporte une vision inattendue de la ville. Vu d’en haut, Paris conserve son côté romantique et intime, Londres son côté étendu et contrasté, et New York son côté vertical et majestueux.
LM : Quel a été votre terrain de jeu favori ? Les rooftops ?
G.S. : Les rooftops mais aussi tous les lieux qui grouillent de touristes ont été mes terrains de jeu favoris. Ces lieux sur-visités, surpeuplés, souvent en hauteur laissent entrevoir l’immensité d’une ville. L’enjeu est toujours d’en sortir avec des clichés exclusifs et imprenables malgré la concurrence des photographes en herbe et leurs smartphones.

Couverture du Livre Longues-vues de Londres
Propos recueillis par Solène Lanza
PRATIQUE
L’ouvrage Longues-vues de Londres est disponible en anglais et français
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