Boris Johnson a trouvé un accord hier avec l’Europe sur un nouveau Brexit deal, mais rien pas sûr qu’il modifie la situation politique britannique.
“C’est un leader doté d’une véritable vision stratégique. Ceux qui ne l’ont pas pris au sérieux se sont trompés et continueront à avoir tort”. Emmanuel Macron est dithyrambique au sujet de Boris Johnson. Le Premier ministre britannique a en effet trouvé un nouvel accord sur le Brexit jeudi 17 octobre avec la Commission européenne. S’il diffère de celui autrefois proposé par Theresa May en janvier 2019, ce Brexit deal 2.0 pourrait bien subir le même sort que le précédent ce samedi 19 octobre lors d’une réunion exceptionnelle du parlement britannique. Et dur de prévoir alors le destin du Royaume-Uni, qui pourra difficilement compter sur un nouveau report, au vu des dires du président français, qui a affirmé ce vendredi 18 octobre que les délais “devaient être tenus“.
LATEST: Macron says the U.K. should not get a new Brexit delay if Boris Johnson loses a vote on the #BrexitDeal in Parliament on Saturday pic.twitter.com/xdjDOCXOCG
— Bloomberg TicToc (@tictoc) October 18, 2019
Dès son officialisation, la nouvelle n’a pas forcément été bien accueillie par tout le monde. Le parti travailliste a par exemple jugé ce nouvel accord pire que le précédent. Le parti unioniste démocrate nord-irlandais s’y est également farouchement opposé. Il faut dire que les grandes différences entre les deux derniers accords négociés avec l’Europe portent sur la question irlandaise. Exit le backstop. Boris Johnson a, à la place, permis à l’Irlande du Nord de rester dans l’union douanière européenne. Une sorte de porte d’entrée de l’UE sur le Royaume-Uni, qui aura ses propres particularités. Ce sont par exemple les lois européennes sur la TVA qui s’appliqueront là-bas.
Et si la question nord-irlandaise divise, le reste du document ne fait pas que des émules. Les Brexiteers eux-mêmes ne sont pas tous d’accord. “Ce n’est pas un Brexit”, fustige Nigel Farage, président du parti du Brexit, sur son compte Twitter. Les pro-Brexit membres de l’European Research Group (ERG), une frange eurosceptique du parti conservateur, espèrent quant à eux que le deal trouvé par Boris Johnson passera… dans la seule optique de le voir échouer !
Nigel Farage gives his immediate reaction to Boris Johnson's Brexit deal from outside the EU HQ in Brussels. @nigel_farage | #Brexit pic.twitter.com/S5sfMQudOd
— LBC (@LBC) October 17, 2019
Contradictoire ? Pas forcément. Car si l’accord est effectivement validé par les parlements britannique et européen, il ne sera pas effectif avant, au minimum, fin 2020, selon les dires de Michel Barnier, négociateur en chef avec le Royaume-Uni. Une période de transition d’un an qui pourrait d’ailleurs ne jamais aboutir. Si elle servirait à régler tous les détails de la sortie de l’UE, rien ne dit que toute la sphère politique britannique parviendrait, dans ce laps de temps, à régler tous ses problèmes. Bref, le feuilleton n’est pas près d’être terminé…
Anthony Guttuso