Le Brexit ravive des souvenirs sanglants entre l’Irlande du Nord et l’Angleterre, qui furent en proie à des années de guerre. Solution : Le Backstop, un concept initié par Theresa May qui veut éviter le retour d’une frontière dure entre le Royaume-Uni et l’Irlande.
Des souvenirs douloureux rappellent cette guerre qui a fait rage à la frontière entre l’Irlande et l’Irlande du Nord durant des années. En 1998, le « Good Day Agreement » a arrêté ce conflit qui a provoqué bien des tueries, entre les unionistes, qui voulaient une Irlande du Nord en Grande-Bretagne et les Républicains, voulant se raccrocher à l’Irlande. Finalement, l’Irlande du Nord a fini par se greffer à la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, avec le Brexit, la frontière entre cette région et l’Irlande est menacée, malgré l’hypothèse du Backstop. Le nouveau premier ministre est contre celui-ci, et ne s’oppose pas à une frontière dure aux bordures de l’Irlande.

En rouge, la frontière à l’origine des conflits. En Bleu, la Grande Bretagne, en vert, l’Irlande. CP/franceinfo
Un ravage économique
Le commerce va en subir les conséquences. La libre circulation des biens et des personnes est menacée : les droits de douanes et les contrôles aux frontières aujourd’hui abolis seront rétablis. Selon certaines études, avec un Hard Brexit, l’Irlande verra ses tarifs douaniers augmenter de 20%. Coup de massue des deux côtés de la frontière : 31% des exportations de l’Irlande du Nord vont en Irlande, et 30.000 personnes passent la frontière chaque jour. Côté agriculture, l’Europe coupe les vivres. L’Irlande du Nord, pays agricole, perdrait ses subventions européennes finançant 90% de son agriculture. Cette frontière entre l’Irlande du Nord et l’Irlande représente maintenant une frontière entre l’Europe et le Royaume-Uni. Par conséquent, elle fait sortir l’Irlande du Nord du Marché Unique Européen… Le Brexit porte un gros coup à son économie.
Un passé nauséeux
30 ans de guerre à la frontière irlandaise, des tueries, des meurtres, des antécédents sanglants et terrifiants… C’est un retour à cette époque dont ont peur les Anglais et les Irlandais. Dans la fin des années 60, c’est le début de cette période de guerre sanglante entre les républicains et les unionistes. La répression brutale d’une manifestation non violente de la NICRA (Mouvement des droits civiques d’Irlande du Nord) par l’armée anglaise marque le premier contentieux de 30 ans de guerre, perpétués par des épisodes toujours plus sombres, et toujours plus meurtriers. Cette période sera surnommée « Troubles » et est connue pour un épisode marquant appelé « Bloody Sunday ».

Bloody Sunday Mural January 30th, 1972
La fresque ci-dessus représente un des événements qui ont eu lieu sur « Bloody Sunday » à Derry le 30 janvier 1972.
Le 30 Janvier 1972, aussi appelé « Bloody Sunday « est la concrétisation d’une lutte sanglante entre les deux camps. Alors qu’une manifestation non-violente des républicains (pour une unification de l’Irlande) est en cours, les soldats anglais tirent sur la foule. 14 personnes meurent sous le feu de l’armée anglaise. En 1972 seulement, plus de 500 personnes perdent la vie. L’IRA (Armée Républicaine Irlandaise) devient populaire en Irlande du Nord, et organise plusieurs attentats terroristes alors que Margaret Thatcher reste rigide sur ce conflit. A l’époque, elle retient plusieurs opposants en cellule, et pratique une politique dure. D’ailleurs, celle-ci échappe de justesse à un attentat de l’IRA en 1984 à Brighton. A ce moment-là, Dublin et Londres reprennent les pourparlers et parviennent à un premier accord : celui de Hillsborough. Il donne naissance à plusieurs autres signatures de paix, jusqu’au cessez-le-feu de l’IRA. En 1998, l’accord du Vendredi Saint met fin aux « Troubles », qui ont engendré plus de 3.500 morts. Les Irlandais du Nord peuvent alors se proclamer anglais, irlandais ou les deux.
Des séquelles jusqu’à aujourd’hui…
Les blessures du passé ne se referment pas. Le procès du fameux « Bloody Sunday » n’est toujours pas fini. Un soldat est soupçonné d’avoir tué deux personnes dans la foule ce jour là, son procès a lieu le 18 Septembre. Les familles en deuil se battent encore, tandis que la justice a décidé de ne juger qu’un seul soldat sur les 18 concernés. Une décision difficile pour les proches des victimes, qui essaient encore de combattre pour leurs défunts amis, maris, femmes, et parents…
Milan Tinnirello