L’émancipation de la communauté LGBTQ+ dans le quartier de Soho représente plus de 300ans d’histoire. Les fermetures répétées ces derniers temps d’endroits phares de la communauté commencent à l’inquiéter.
L’annonce de la fermeture du club XXL ce mois de juin 2019 dans le quartier de Southwark pour y construire des appartements, hôtels et bureaux a été vue comme un tremblement de terre pour ses habitants. Ce quartier abrite la deuxième densité la plus forte de LGBTQ+ du Royaume-Uni après Lambeth.
Et selon une étude de l’University College London le nombre de clubs gays réduit de plus en plus, passant de 125 en 2006 à 53 en 2017 en raison d’un développement immobilier élevé. La population commence à se demander s’il ne s’agit pas d’un nettoyage social organisé par la ville de Londres. Après les fermetures récentes Madame Jojo’s le club à qui on a retiré la licence suite à un incident survenu en dehors du club, cette peur devient justifiée.
Pourtant, au XVIIIe siècle, Londres était connu pour avoir un style de vie LGBT relativement ouvert. Des maisons closes appelées « Molly Houses » servaient de refuges pour les personnes de même sexe, des espaces dédiés aux faux mariages et relations sexuelles cachées à l’abri des regards. L’homosexualité était à l’époque considérée comme une déviance et punie de mort. Le but n’était pas forcement lucratif mais plus de rassembler cette communauté opprimée.
Au XXe siècle, après la décriminalisation de l’homosexualité en 1967, c’est à Soho que la population gay a enfin pu exprimer son identité même si au départ, les lieux restaient souvent cachés des regards indiscrets et accusateurs d’une société aux mœurs trop peu ouvertes.
C’est ce quartier qui a permis à la communauté de se façonner et se libérer au fil du temps. C’est pourquoi l’attentat de 1999 dans le pub Amiral Duncan beaucoup marqué les esprits, preuve des préjugés encore trop présents d’une partie de la population. Malgré cela, les LGBTQ+ ont continué à défendre haut et fort leurs droits et à démocratiser davantage leurs lieux de fête, mêlant par la suite culture et lieu de vie gay avec la communauté hétérosexuelle. Ce mélange n’a fait que briser davantage les clichés et prouver que l’orientation sexuelle des uns n’avait aucun impact sur la vie des autres. À partir de ce constat, le quartier de Soho a obtenu un statut très paradoxal de quartier gay, mais aussi ouvert à tous.
Aujourd’hui, les clubs gays de Londres résistent toujours, partout dans Soho, de Heaven, au Ku Bar à la célèbre chaîne britannique G A Y présente aussi à Manchester. Et a l’approche de la Gay Pride 2019, ce weekend, ces clubs risquent d’être bondés.
Comme pour annoncer l’évènement, le Zoo de Londres organise, le 5 juillet, une soirée sur le thème de l’homosexualité chez plus de 450 espèces d’animaux. Et quoi de mieux pour promouvoir la nouvelle que de mettre en lumière ses trois petits couples de pingouins gays !
Emma Lachevre