Plus de 50 meurtres en 6 mois, c’est le constat amer que fait un spécialiste judiciaire à Londres en ce milieu d’année.
L’histoire avait bouleversé les Londoniens le week-end dernier. Kelly Mary Fauvrelle, enceinte, rendait son dernier souffle après avoir été poignardée à mort. Son bébé était entre la vie et la mort mais est décédé ce mercredi matin de bonne heure. Une nouvelle macabre qui ne fait qu’ajouter sa pierre à l’édifice des gros titres des journaux relatant le récit d’un corps découvert à Glastonbury, ou d’un adolescent attaqué au couteau dans une superette. Depuis le début de l’année, plus de 50 personnes ont perdu la vie à Londres. Une liste qui devient particulièrement inquiétante quand, dans la semaine du 18 juin, la police se dévoilait au grand jour comme pour rassurer la population londonienne particulièrement marquée par le 4° meurtre en …5 jours.
Un coupable tranchant
Pour se rendre compte à plus grande échelle de l’étendue de la tragédie, une carte funèbre mais réaliste comptabilise de façon scientifique les disparitions dans la capitale. Son nom clair et cruel : Murder maps. Le journaliste judiciaire Peter Stubley répertorie depuis 2019 les homicides dans la ville et selon ce spécialiste les chiffres de 2019 ne seraient qu’une pâle copie d’un tendance repérée il y a quelques années déjà : « Depuis 2015/2016, les meurtres au couteau sont passés de 53 pour 2015 à 76 l’an dernier. » Une arme d’opportunité selon le journaliste : « Règlement de compte, coup du sort mais aussi violence conjugale. Mon point de vue c’est que ces attaques ne semblent être que des échauffourées insignifiantes qui deviennent sérieuses juste car l’un des assaillants possède un couteau. »
Le maire pointé du doigt
Face à cette recrudescence, les langues se délient. Pour le journaliste, la combinaison réduction d’opportunités pour les jeunes et de moyens pour la police a eu un effet néfaste. Chez les personnalités d’abord, Liam Gallagher s’en prenait, fin juin dernier, au maire de Londres, Sadiq Khan. L’ancien chanteur d’Oasis, très préoccupé par la sécurité de ses adolescents, n’avait pas ménagé ses mots pour accuser le locataire du Scoop : « J’aimerais dire un mot au maire de Londres, il n’a apparemment pas fait un si bon job, tous les gamins se font poignarder. La seule chose qui sorte de sa bouche c’est « London is open ». Ok mais ouvert aux crimes armés et aux macabés. » Le maire avait déjà été au coeur des débats en janvier dernier lors de son absence au programme de la BBC « London Knife Wars. » Sophie Linder, deputy major for crime and policing avait avancé que cela n’était pas « la priorité numéro 1 » de l’édile.
Une réponse venue d’ailleurs ?
Face aux dernières critiques et aux dernières attaques, le maire, meurtri, a adressé un message le 1°juillet au soir aux internautes via son compte Twitter.
Every homicide is a tragedy, leaving a family devastated. The homicides this weekend are a horrific reminder that although our under-resourced and overstretched police are making progress in reducing violent crime, there is still a long way to go to tackle this problem for good. pic.twitter.com/15AQbEnmIf
— Sadiq Khan (@SadiqKhan) July 1, 2019
« Chaque homicide est une tragédie qui laisse une famille dévastée. Les homicides de ce week-end sont un rappel affreux de ce problème latent. Mais la police malgré un manque de moyens, progresse dans ses investigations en réduisant les crimes violents. Il y a encore du chemin à faire pour éliminer ce danger pour de bon. » Et la bonne solution se trouverait-elle au nord ? Le directrice de la Violence Réduction Unit de Londres, Lib Peck, a visité Glasgow pour tirer leçon de la politique locale.Malgré la réputation sulfureuse du nord et de la ville, les liens avec le social et la police, la mise en valeur de l’éducation, l’établissement des Youth clubs comme lieux pour réduire la violence ont changé depuis la donne. L’élue avoue que : « les challenges sont nombreux à Londres. »
We’re addressing violent crime in London through combining tough policing with a public health approach.
The Director of London’s first Violence Reduction Unit, @LibPeck, visited Glasgow to learn more about the success of their VRU.
— Sadiq Khan (@SadiqKhan) June 30, 2019
Le journaliste judiciaire Peter Stubley nuance un peu le tout : « Je supplie les gens de regarder cela dans son ensemble. Cette nouvelle série intervient après une longue période sans aucun meurtre, et actuellement, il semblerait que les chiffres des homicides soient plus bas que l’année précédente. Et quid de Paris ? » Et quid des nationalités. Les victimes sont principalement anglaises mais, à l’image de la ville, également européennes : polonaises et une Française, Laureline Garcia-Bertaux disparue en mars dernier. La violence n’a que faire du Brexit.