Lewis OfMan, l’homme rétro futuriste
20 ans et plein de talents. Lewis OfMan est l’homme de la Nouvelle Vague de la musique électro. Ce Parisien était de passage à Londres pour un concert dans l’Est. Rencontre à l’aube de la sortie du premier album de ce prodige.
Il a de Lewis Carroll le prénom mais aussi la créativité à chaque note. Lewis OfMan est, comme son nom l’indique, français. Ce musicien, avide de la nouveauté sur la toile, a posé sa musicalité sur Lana Del Rey ou a travaillé avec le très branché groupe Vendredi sur Mer. Et le voici donc à Londres à la Pickle Factory, étrange nom pour une rencontre! La fabrique à cornichons mais aussi à bons moments pour rencontrer ce Parisien assoiffé de sons exotiques, hybrides et infiniment colorés.
Londres Mag : Qui est Lewis OfMan ?
Lewis OfMan : (Rires !) Je suis né à Paris, je suis français même si on ne le dirait pas avec mon nom, mais c’est la traduction de mon nom de famille. D’où les majuscules. C’était à l’époque où je faisais mes musiques tout seul sur garage band et les partageais sur internet. Il fallait mettre un nom d’artiste et comme, je m’amusais avec mon frère à traduire notre patronyme, ça a été Lewis OfMan. Mon dream c’était que les filles de mon lycée tombent dessus par hasard. C’est arrivé d’ailleurs, je voyais les commentaires sur soundcloud et ils donnaient confiance, c’est au moment où j’ai découvert mon style. Avec du matos un peu plus sérieux, j’ai commencé à faire des remix notamment une chanson des Pirouettes que j’avais téléchargée sur soundcloud, la génération internet quoi ! Après, mon manager Paul m’a proposé mon premier job de remixer La Femme à la peau bleue de Vendredi sur mer qui est sorti. C’est comme ça que je suis devenu producteur et que j’ai débuté mon travail avec Charline, on a sorti mon EP Yo bene, les gens ont commencé à écouter Flash, je suis parti aux Etats-Unis pour entreprendre une tournée sur place, on a fait de la scène à New York, la première partie de Yelle sur la côte ouest, c’était génial. J’ai réalisé un single Plein de bisous, il y a eu mon tringle Je pense à toi avec pas mal de festivals après, notamment We Love Green et Pitchfork.
Londres Mag : New York, Pitchfork, maintenant Londres, vous êtes donc marqué d’une forte empreinte internationale ?
Lewis OfMan : C’est totalement ce que j’essaie de faire. Même si j’ai composé quelque chansons françaises, mais pour la suite, je voulais aller beaucoup plus dans la direction de Flash, avec un côté plus instrumental, et une énergie qui permette de danser, des instrumentaux avec des mélodies fortes, des accords et du groove.
Londres Mag : Quelle est la différence entre écrire des chansons pour soi et pour les autres ?
Lewis OfMan : Pharrell (ndlr : Williams) et Devonté de Blood Orange, qui bossent souvent avec d’autres artistes, disent qu’ils ont l’impression de faire de la meilleure musique pour les autres que pour eux-mêmes. Car on step back c’est l’autre artiste qui est dans la réflexion du projet, et je compose en me demandant ce que je pourrais apporter à tout cela. Rien que cette démarche permet de trouver des idées nouvelles. C’est pour ça que c’est important de travailler pour d’autres. J’ai voulu agir de la même façon, pour mon album, toutes les frustrations possibles les mettre sur la table et montrer ensuite cette oeuvre sans rougir, car je sais qu’il y a tout ce que j’aime dedans. L’année dernière, j’ai eu pas mal de déchirements, de petites névroses à partager des morceaux avec d’autres créatifs car j’aurais bien aimé que les gens sachent que j en étais l ‘auteur et les sortir que pour moi ! Quand on compose pour les autres, on voudrait parfois garder pour soi la création !
Londres Mag : Comment décririez-vous votre univers esthétique ?
Lewis OfMan : En terme d’esthétisme, pour l’instant, tout est venu naturellement. Pour O bene, on faisait un shooting pour moi, et puis l’idée du caddie avec mon clavier s’est présentée naturellement. Pour mon tringle, c’était un peu différent. Je venais de découvrir Pinterest et je retrouvais de vieilles pubs de clavier, vraiment superbes. C’était une des premières fois où il y avait une vraie réflexion dans un visuel avec plein de références. Quand les gens parlent de mon esthétisme, ils utilisent le terme de « rétro futuriste ». Sur Pinterest, j’aime les anciennes pochettes du magazine Vogue des années 20 qui font rêver ou les vieilles affiches de vacances très design.
Londres Mag : Et pour cet album ?
Lewis OfMan : Pour l’album, c’est différent, on va vraiment chercher des couleurs où l’influence n’est pas évidente. Le but de tout l’album c’est de faire en sorte que, notamment pour les chansons groovy qui font danser, on oublie l’influence. Pour les balades c’est différent, car je me creuse la tête pour aller chercher des accords assez complexes très beaux dans l’enchaînement, à la limite de la musique classique ou du jazz très complexe. Pour tout le reste, je cherche vraiment à trouver à l’intérieur de moi une énergie spéciale, et l’influence …c’est moi et cette énergie! Pour l’album, j’ai, quand même, fait un voyage pour m’inspirer. Je me suis rendu à Palma pour visiter l’atelier de Miro car je suis un fan de couleurs, je me suis vraiment imprégné du lieu. L’image de l’album est encore floue dans ma tête, ça progresse mais je sais que je vais aller vers l’esthétique des années 20 du surréalisme. C’est sûr qu’on forcera sur les couleurs.
Londres Mag : Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire la musique?
Lewis OfMan : A la base, j’ai commencé à la batterie car j’écoutais énormément les Arctic Monkeys, j’étais assez rock. Puis, j’ai dérivé avec les Pink Floyd, j’étais très psychélique, j’aimais bien les groupes un peu pointus comme les Vanilla Fudge, des formations un peu atmosphériques. J’aimais beaucoup la période psychélique de Jimi Hendrix et quand j’ai découvert soundclound, c’est là où j’ai dérivé vers l’électro avec une musique assez importante : Espoir de Darius. Le rap est arrivé, je me souviens de l’album Prose Combat de MC Solaar il est très important pour moi pour la production et pour l énergie dégagée. Après, j’ai écouté les compositeurs de musiques de films surtout Ennio Morricone. Elles m’ont ouvert les yeux sur des mélodies, des accords, des sons aigus très beaux qui m’ont inspiré et donné envie de rajouter des instruments assez acoustiques sur les « prods ». Toutes ces influences se sont mélangées. Aujourd’hui, je suis très attiré par le jazz et j’aime beaucoup les balades romantiques comme The Look of love. J’apprécie aussi John Coltrane qui renvoie aux images des années 60 et d’une jet set fantasmée.
Londres Mag : Les Arctic Monkeys, Jimi Hendrix… qu’est-ce que cela représente pour vous de jouer à Londres ?
Lewis OfMan : Récemment, j’avais commencé le film Blow Up et l’Homme qui en savait trop d’Hitchcock, c’était pas mal de partir à Londres après ces séances. Je n’étais pas fan de cette capitale que j’avais découverte en colo. Du coup, quand je suis revenu, j’ai redécouvert la ville et finalement j’aime bien. (Sourires !) Hier, on est allé à Rough Trade et tout d’un coup, ces vinyles-là que je voyais, it makes sense beaucoup plus qu’au Gilbert Joseph à Paris. Tu sens que c’est une ville très importante pour la musique avec une grosse énergie musicale que je préfère à celle de Paris.
Londres Mag : Que peut-on vous souhaiter pour cet album?
Lewis OfMan : Que je le finisse bien. Il est fait à 80%. Après il faut que je le peaufine, l’arrange, et ensuite on passera au mix et mastering. Avec un album, on se sent complet. Le but de cette création. c’est que je sois serein et que ça soit bon. Pour l’instant, les musiques que j’ai sorties je les aime bien mais il n’y a pas encire tout ce que je veux. Même si je sais qu’un an après la parution de l’album, je serai encore frustré. Mais ça sera la prochaine étape. Car aujourd’hui, tout est fait pour que tout soit dit.
Entretien réalisé par Solène Lanza
Photos ©Clara Euler
A propos de la photographe
Paris – London – Edinburgh – Berlin – Copenhagen. Clara Eulera toujours son passeport en poche pour faire le tour de ses passions qu’elle met devant son objectif. Théâtre, musique mais aussi mode et mouvements sociaux, elle vient poser sa French Touch chez Londres Mag avec des clichés de nos artistes de passage dans notre capitale britannique.