30 ans après leur début, ils sont toujours Sous le Soleil de Bodega. Les Négresses Vertes font leur grand retour sur scène avec une tournée consacrée à l’album Mlah. Rencontre avec Stéfane Mellino, guitariste et chanteur du groupe.
Londres Mag : C’est une tournée assez particulière qui célèbre les 30 ans de l’album Mlah. Pourquoi revenir sur scène avec cet opus ?
Stéfane Mellino : On s’est fait un peu plaisir à la manière anglo- saxonne, comme quand U2 chante Joshua Tree ou quand Metallica présente le Black Album. Nous reprenons cet album car il a compté pour le public. En plus, Helno (NDLR : le chanteur décédé en 1993) est toujours là, il a écrit la majorité des textes et pour nous, son esprit est toujours présent. Il est mort il y 25 ans et on entend toujours sa voix à la radio. Le meilleur hommage qu’on pouvait lui rendre c’était de chanter ses chansons et continuer de faire vivre son esprit avec le nôtre.
LM : Mlah signifie tout va bien, pourtant il y a dans l’album une philosophie particulière un peu punk…?
Stéfane Mellino : Quand on regarde les textes, c’est un peu No Future. Tout le monde meurt, il n’y a pas d’issues heureuses dans la vie. C’est un peu l’état d’esprit qui animait l’album et nous aussi à cette période. Helno était dans un groupe punk français Lucrate Milk avant de rejoindre des Béruriers noirs, nous aussi on est issus de ce milieu alternatif français. Même Voilà l’été, c’est l’histoire d’un gars qui est coincé à Paris qui se fait ch…, qui maudit la terre entière parce les autres sont partis en vacances et pas lui ! Alors sous des airs festifs, ensoleillés, dansants, le propos reste non seulement un peu triste et no future mais aussi d’actualité. ça serait la version française de Holiday in the Sun des Pistols !
LM : Comment expliquez-vous que votre musique aux mélodies guinguette méditerranéennes aux paroles françaises aient touché les anglos-saxons?
Stéfane Mellino :Nous avons grandi sous influence de musique anglo-saxonne, et ça continue à nous inspirer A nos yeux, c’est ce qui se fait de mieux. Après, on a su trouver notre façon d’être et c’est en partie pour cela que nous avons du succès en Angleterre et aux Etats-Unis car on arrivait avec une image très française, accordéon, très clichée. A côté de ça, il y a l’influence rock et l’énergie qu’on déploie qui rendent le langage… universel et même si on chante en français, ce n’est pas un problème car l’énergie rock rend le truc compréhensible.
LM : Vous êtes déjà venus à Finchley Road, Camden, au Café de Paris de Leicester Square. Quel souvenir gardez-vous de votre tournée après la sortie de Mlah en 1988 ?
Stéfane Mellino : On a fait une tournée anglaise digne de ce nom à l’époque, on a joué à Norwich, Manchester, Glasgow, Leicester, plein de bleds où beaucoup de groupes français n’avaient jamais mis les pieds alors. On était vraiment des précurseurs. A l’époque des Négresses, on a joué plus souvent à Londres qu’à Paris. On s’est produit au Town & Country Club devenu le Forum à Kentish Town. On a fait la Brixton Academy, on a participé au gros festival de Glastonbury. Nous avons une histoire pas commune avec l’Angleterre notamment avec nos producteurs. Howie B, souvenir superbe, Clive Martin aussi, qui a produit nos deux premiers albums, Murray, notre producteur écossais de l’époque. William Orbit, le premier à faire un remix de Zobi la mouche. On a été un des premiers groupes acoustiques à être remixé, à être mis dans le moule électro-acoustique.
LM : Le magazine de musique culte New Musical Express, vous avait appelés les “Crazy baroque Rockers”. Ce sera toujours le cas sur scène ?
Stéfane Mellino : Ben oui ce sera toujours le cas, quand tu joues Mlah, tu ne peux pas jouer à moitié. C’est un album qui nécessite une débauche nécessaire d’énergie, on n’interprète pas ces textes au coin du feu, pour nous, c’était important de laisser les chansons dans leur jus et d’apporter quelques retouches 2018. Les crazy, c’est clair qu’on est toujours crazy. Les journalistes avaient dit aussi : “les Nègresses Vertes, la meilleure invention française depuis la Deuch.”
PRATIQUE
Le 3 novembre à 19h, Islington Assembly Hall