Il fut ministre de l’éducation dans les gouvernements de Tony Blair et Gordon Brown et membre de la chambre des Lords. A quelques minutes de l’allocution du speaker John Bercow sur l’interdiction d’un nouveau vote sur la même proposition du Brexit, Lord Jim Knight s’est entretenu sur les coulisses du pouvoir vues de l’intérieur du parlement.
Que pensez-vous de la situation actuelle du Brexit ?
Le problème actuel au Royaume-Uni avec le Brexit c’est qu’il s’agit d’une catastrophe politique. Nous n’avons pas de constitution ici, nous avons un système construit autour du bon fonctionnement des partis politiques. Ce système permet d’élire des représentants qui prennent des décisions dans l’intérêt national et non dans leur propre intérêt politique. Et ces représentants forment un gouvernement parce que nous n’élisons pas directement de gouvernement ici, ni l’un ni l’autre de nos partis politiques ne fonctionnent correctement et ne votent pas dans un but précis et, par conséquent, tout notre système politique est faussé. Nous sommes confrontés à la plus grave crise politique que je n’aie jamais vue.
Quelle est l’atmosphère à la Chambre des Lords en ce moment ?
À la Chambre des Lords, l’atmosphère est déconcertante et incompréhensible quant à la façon dont nos amis élus au Parlement de Westminster se comportent de façon stupide et insignifiante. Et puis, quand je vais à la Chambre des Communes, je vois des représentants élus qui ne s’écoutent tout simplement pas.
C’est donc cela le problème, l’écoute ?
Bien sûr, je veux dire, j’ai un certain attendrissement pour mes amis européens, mais comment pouvez-vous négocier avec quelqu’un qui ne sait pas ce qu’il veut ? Le Royaume-Uni commence simplement à être clair sur ce qu’il ne veut pas mais il n’a aucune idée de ce qu’il veut ! C’est donc une négociation impossible et nous n’avons aucun leader alors nous sommes vraiment coincés. Aujourd’hui notre problème est que nous avons un gouvernement qui dépend en grande partie de celui de l’Irlande du Nord qui n’est pas représentatif de l’opinion britannique en général, et qui tient tout le processus en otage, c’est terrible !
Quelqu’un d’autre pourrait diriger le parti ?
Oui, je pense que les deux partis pourraient se distinguer davantage. Ils sont tous les deux divisés, ils sont tous deux dirigés par des chefs qui, à bien des égards, représentent les opinions des députés de ces partis, ceux-ci ne représentent pas les opinions du pays à eux seuls. Nous avons un système électoral archaïque qui ne permet pas à un nouveau parti de voir le jour. Évidemment, l’expérience française d’un parti nouveau avec un président nouveau avec ses conséquences a vu le jour, au moins cela permet un certain dynamisme et une certaine créativité dans un discours politique qui nous est refusé, ici au Royaume-Uni…
Pensez vous que l’opinion publique ait changé en ce qui concerne la sortie de l’Union européenne ?
Oui, je pense que s’il y avait un autre référendum, s’il avait été raisonnablement mis en place, et si la question était bien posée, nous pourrions rester dans l’UE en respectant l’article 50. Mais j’espère que nous allons finir par avoir un référendum où nous poserons au public la question qui est : Est ce que l’accord de retrait négocié par le gouvernement britannique avec l’Union Européenne est préférable au maintien dans l’UE ? Et s’ils disent que le délai proposé par Theresa May est meilleur, alors nous partons, très bien, et nous mettrons fin à nos négociations au sujet du futur deal, parce que l’accord de May n’est évidemment qu’un semi-accord. et si le public dit que rester est mieux alors restons et abrogeons l’article 50.
Solène Lanza, Johanna Arnoult