Le fondateur de la compagnie Exchange Theatre se lance dans “un seul en scène “d’anthologie pour la première soirée des Cafés-Théâtres de Londres Mag.
Il a été remarqué pour sa mise en scène du Médecin Malgré lui par les Off Week End awards. Sa troupe théâtrale Exchange Theatre avait métamorphosé le Misanthrope de Molière en Late Show acide et endiablé et s’apprête à reprendre son premier succès populaire, les Mouches de Jean-Paul Sartre. Au moment de fêter son anniversaire et de transformer la compagnie en charity, c’est pourtant seul mais toujours avec une envie de partage des cultures que David Furlong descend des planches pour un face à face avec un public différent. A la veille de ce seul en scène, l’acteur se confie sur cette expérience des Cafés-Théâtres de Londres Mag.
Londres Mag : Comment s’est créé ce concept de Café-Théâtre ?
David : C’est parti du nom et du principe « Café-Théâtre ». C’est à dire du texte porté par des personnalités fortes. Ce genre populaire du théâtre français des années 80-90 est devenu une discipline en solo adressée au public. Avec Jean (Viry Babel, fondateur de Londres Mag ndlr), l’organisateur, nous avions envie d’explorer ce rapport très personnel entre un comédien et les participants. Il y aura des moments très théâtraux ou semblables à une conversation entre les plats, un monologue et une lecture érudite. Et c’est une discipline qui a été choisie par beaucoup d’acteurs exerçant depuis leurs talents en solo comme Fabrice Luchini ou Jacques Weber.
Londres Mag : Contrairement à votre habitude, vous ne serez pas sur scène mais « en immersion ». Comment envisagez-vous cette expérience au centre des regards et du public?
David : Très bonne question. Dans la compagnie que je dirige, son nom d’Exchange Theatre n’est pas un hasard. Le théâtre est toujours un échange, c’est même notre marque de fabrique de casser le quatrième mur. Même en solo, c’est un exercice auquel je suis rompu et ce n’est pas donné à tout le monde d’être dans un rapport au public aussi intime. Cela s’apparente presque à une conversation, en tout cas je pense que l’exercice que je vais offrir ne sera rien sans le public. Il faut établir une complicité, une connivence avec lui. Pour moi c’est ancré car je sais que le théâtre ne se fait pas tout seul mais avec un partenaire, des auteurs. Et s’il n’y a pas d’autres comédiens, le public devient le partenaire. Un comédien en plein exercice de jeu même en lecture est en représentation, il faudra que les participants s’habituent à mon personnage, à moi, pour broder.
Londres Mag : Parlons aussi du lieu, ce n’est pas tous les jours qu’il est possible de jouer dans un endroit aussi hybride que Gargotte by Labassa Woolfe. Qu’est-ce que cela représente pour vous?
David : Cela représente une ambiance comme un décor de théâtre, sauf qu’elle n’est pas imaginée par un designer mais elle est donnée par l’esprit du lieu et les gens qui la créent . Donc comme tous les décors de théâtre, on le fait sien et il faut amener le public avec soi pour qu’il se sente à la maison. Le lieu est très inspirant avec le buste de Voltaire et cela va faciliter mon travail.
Londres Mag : Justement Voltaire avait dit : « Un peu de vin pris modérément est un remède pour l’âme et pour le corps. » Qu’en pensez-vous ?
David : Que du bien. J’en ai fait l’expérience dans le sud de la France avec la compagnie Gérard Gérard. Leurs spectacles étaient des soirées poétiques avec du Prévert et du vin. Le vin … toute une poésie !
Londres Mag : Les mots, la bonne boisson et la bonne nourriture font plutôt bon ménage pour vous ?
David : Oui, un peu par tradition. J’ai été formé au Théâtre National de Chaillot, il n’y a pas plus français, en face de la tour Eiffel. Avant tous les spectacles on proposait toujours de bons vins servis aux spectateurs. Moi j’étais étudiant donc je n’y avais pas droit. Si on avait pu on en aurait profité ! La bonne chaire fait sans doute partie d’une tradition qu’on retrouvera dans ces textes mais pas que. Mon idée va vers une ouverture sur le monde actuel très hétéroclite. J’essaie de voir au- delà de l’étiquette. Il y a une autre porte d’entrée dans cette culture française, littéraire et poétique, et en effet, cet art de vivre est un peu plus latin.
J’ai envie que cela soit une soirée de partage, de convivialité, une soirée humaine. Le format gastronomique me plaît mais c’est surtout la chaleur humaine qu’il est possible de créer dans une telle soirée qui est géniale. Devant un vin bien choisi, ce travail en commun, avec Gargotte et Londres Mag, en plein Brexit, veut propager l’idée de « Togetherness ». On a besoin de moments ensemble.
Crédit photo : Rino Pucci
Propos recueillis par SL
PRATIQUE
Le 5 mars
19h30
20£
Gargotte, 6 Percy Street, W1T 1DT
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