Mercredi 27 février prochain, l’écrivain français Tom-Louis Teboul sera à l’Église Notre Dame de France à Londres pour présenter « Vies déposées ». L’occasion de débattre autour du thème central de son ouvrage, figurant dans la sélection Renaudot du printemps 2018 : le sans-abrisme à Paris.
Deux hommes, une femme. Sans-abris, à Paris. Il y a la survie dans la rue, rude, invisible, mais surtout, un chien perdu. Le rendre à son propriétaire pour bénéficier d’une récompense ou le garder car l’attachement est trop fort ? C’est toute l’intrigue de « Vies déposées », signé Tom-Louis Teboul. Mercredi 27 février, il sera à l’Église Notre Dame de France à Londres pour discuter avec ses lecteurs londoniens. Sélectionné pour le Prix littéraire du lycée Charles de Gaulle, son roman est une véritable immersion dans le quotidien des sans-abris. « J’ai passé des heures dans le métro, dans la rue, à parler avec les gens… Je me suis vraiment documenté sur la misère à Paris », confie l’auteur. Son livre est le résultat de cinq années de travail, animé par l’envie profonde de parler de ceux qu’on voit, mais qu’on ne regarde pas. Habitant du quartier de la Goutte-d’Or, dans le 18e, il raconte : « C’est un quartier assez pauvre, beaucoup de gens dorment dehors. J’ai personnellement une grande empathie pour les personnes en situation de souffrance, particulièrement pour les sans domicile fixe. Le fait d’en voir autant était difficile à supporter, j’avais besoin de mettre des mots sur ce problème. »
« L’exclusion sociale laisse des séquelles irréversibles »
« Vies déposées » peint le portrait de ces vagabonds ancrés dans « l’instant présent, assez flou mais absolu. » « Ceux qui vivent dehors sont l’ADN de Paris, observe Tom-Louis Teboul. J’ai eu envie de montrer que tout n’est pas tout noir. Autour d’eux, il y a aussi de l’amour, des liens d’amitié très forts qui se construisent ». À travers sa fiction, l’écrivain pointe du doigt une réalité : « Une fois qu’on est devenu SDF, on n’arrive plus à s’en sortir tout seul. L’exclusion sociale laisse des séquelles irréversibles sur le cerveau », affirme-t-il. Gérer les dépendances à l’alcool ou aux drogues, apprendre à respecter des horaires, regagner la confiance, changer ses habitudes… « Après trois ans de rue, même si on vous donne un travail et un logement, c’est impossible. »
Compréhension et solidarité
Aujourd’hui, Tom-Louis Teboul accompagne les personnes en grande précarité à l’insertion numérique avec Emmaüs Connect. « Tout le monde peut faire un geste. Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de méchants. Il ne faut pas désespérer et continuer à aspirer à plus de fraternité et de redistribution. » S’il est engagé, l’ancien avocat n’a pas l’intention de donner à son roman une dimension politique. En toute humilité, il avoue : « C’est de la littérature. Par contre, si ça peut changer le regard – souvent biaisé – de la population sur le sans-abrisme, ce sera tant mieux ».
Émilie Moulin
PRATIQUE
Signature organisée par la Libraire La Page
Notre Dame de France, 5 Leicester Place, WC2H 7BX
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