Foire aux monstres : Diane Arbus bientôt exposée à Londres
Du 18 février au 6 mai 2019, la London’s Hayward Gallery accueillera une vaste exposition sur la photographe Diane Arbus. Retour sur la plus emblématique des portraitistes de marginaux.
L’année prochaine une vaste collection de photographies de Diane Arbus investira la London’s Hayward Gallery avec des pièces uniques et pour la première fois exposées en Europe. Lancée en 2016 au New York’s Met Breuer, cette rétrospective est enrichie d’archives offertes par les sœurs de la photographe au Metropolitan Museum of Art de New-York en 2007. Les clichés les plus emblématiques des passants, des marginaux et des enfants de New-York seront ainsi présentés aux Londoniens dès le printemps prochain.
Cette exposition se concentre en particulier sur les premières années de travail de Diane Arbus en tant qu’artiste indépendante. Lancée dans la photographie de mode auprès de son mari Allan Arbus, Diane, née Nemerov, quitte brutalement le plateau de Vogue en 1956 pour se consacrer aux images de la rue. Sa marque de fabrique devient alors les clichés de passants dans les artères de New York. C’est sur cette période de 1956 à 1962 que sera cadrée la rétrospective.

Tod Papageorge, “Diane Arbus in Central Park with her Mamiya camera”, 1967
Capturer les monstres
Pour trouver ses modèles Diane Arbus s’est promenée dans tout New-York, en privilégiant les lieux où “elle n’a jamais été” : des cirques aux clubs de la ville, la photographe sort de sa zone confort pour aller trouver les rejetés de la société. Entre voyeurisme froid et empathie saisissante, les photographies de l’artiste dérangent. Diane Arbus avouait avoir un sentiment mélangé d’émerveillement face à ses sujets et de honte, lié à la manière de les regarder. La pose frontale fréquente dans ses clichés interpelle le spectateur entre impression de voyeurisme et sentiment d’être observé par le modèle. C’est dans cette confrontation à l’altérité monstrueuse que la photographe cherchait à réhabiliter les marginaux : “La plupart des gens passent leur vie à craindre une expérience traumatisante. Les monstres sont nés avec leur traumatisme. Ils ont déjà passé leur test dans la vie. Ce sont des aristocrates.” Ainsi Diane Arbus capturait dans ses clichés la véritable signification de vivre en dehors des normes de la société.

Diane Arbus, “‘Mexican Dwarf in his hotel room”, N.Y.C, 1970
Marie-Lys de Saint Salvy