Venue présenter son dernier film Numéro Une à l’Institut français, Tonie Marshall a accepté de répondre à nos questions au détour d’une projection. Londres Mag vous invite dans cette interview à découvrir l’envers du décor des tournages avec la réalisatrice française.
Londres Mag : Votre film apparaît très documenté sur le monde fermé des affaires, quelle est la part de vérité et de fiction dans Numéro Une ?
Tonie Marshall : Je dirais que c’est une fiction au sens où les personnages sont réellement inventés, mais c’est très documenté parce qu’avant de l’écrire, je ne connaissais pas du tout ce milieu. Donc j’ai rencontré beaucoup de femmes qui avaient été ou qui étaient patronnes de grandes entreprises. Tout ce qui est dans mon film est vrai, je suis même un peu en dessous de la vérité. C’est un peu plus doux que ce que j’ai entendu parce que je ne voulais pas faire un film anti-homme. Donc tout est vrai ce qui permet de voir à quel point pour l’instant cela bloque.
Londres Mag : Avez-vous dans votre carrière, vous aussi connu un tel parcours du combattant ?
Tonie Marshall : Dans ma vie non, j’ai plutôt eu de la chance. Pour mon premier film, alors que je n’avais jamais rien fait avant, je suis tombée sur un producteur qui m’a accordé sa confiance. La France est le pays où il y a le plus de réalisatrices, nous sommes 25%, ce qui est très au-dessus des autres pays comme les Etats-Unis. Néanmoins, j’appartiens à un groupe qui s’appelle 50/50, qui ne se contente pas de cela. Il n’y a pas assez de femmes dans les équipes, aux postes de production, il n’y a pas assez de films de femmes qui se font avec des budgets importants etc… Avec le groupe 50/50, nous n’exigeons pas des quotas, parce c’est très compliqué de dire « il faut » dans l’artistique. En revanche, nous avons travaillé avec le Centre National de la Cinématographie, pour que les productions s’engagent avec la parité, dans les équipes, le scénario, les techniciens, etc.. avec des bonifications financières. C’est de l’incitation et pas de l’obligation.
Tonie Marshall on stage at #CinéLumière for the opening of the @FrFilmFestUK with #WomanUp! pic.twitter.com/nSM9G3ivaL
— Institut français UK (@ifru_london) November 7, 2018
Tonie Marshall en quatre questions
Londres Mag : Qu’est ce qui vous a donné envie de faire du cinéma ?
Tonie Marshall : J’ai toujours vécu dans le cinéma parce que ma mère était une très grande actrice. J’ai été un peu actrice, j’avais surtout envie de vivre sur des tournages et de tout faire, du montage, de l’assistanat, … Jusqu’au jour où après plusieurs tentatives, j’ai écrit un scénario et où j’ai eu la chance de tomber sur quelqu’un qui m’a dit « oui » en 1989.
Londres Mag : Quelles sont vos habitudes de tournage ?
Tonie Marshall : C’est quelque chose d’intense que de tourner un film. Le vecteur de ce que je veux raconter ce sont les acteurs. Je suis très proche d’eux, j’ai très envie de travailler avec eux sur leurs mouvements dans l’espace. Je suis tout le temps en train de penser.
Londres Mag : Quels sont vos prochains projets ?
Tonie Marshall : J’ai beaucoup de projets en tête. Je suis sur trois films différents. Je prépare un documentaire un peu utopiste mais très intéressant, dont le postulat est : ” Si le capitalisme avait été inventé par des femmes, cela ressemblerait à quoi ? “ J’ai fait appel à des sociologues, des historiens et des économistes pour faire, si possible, un bel objet de cinéma. Je vais aussi réaliser une série B, c’est à dire un film un peu ludique avec pas beaucoup d’argent, sur quatre filles qui se sont fait violer aux Baléares il y a fort longtemps et qui 30 ans après reconnaissent leurs agresseurs et vont se venger. Pas de meurtre mais cela va être une vengeance extrêmement pédagogique. J’ai également inventé une histoire où deux jumelles nées sous X et séparées à la naissance se retrouvent à 45 ans par les hasards de la fiction, et sont évidemment très différentes puisqu’elles ont été élevées très différemment. Donc le film parlera de cela : comment elles se retrouvent, la notion de famille …
Londres Mag : Un souvenir marquant de votre carrière ?
Tonie Marshall : Ma très grande surprise c’était le jour où j’ai reçu tous ces Césars, en plus c’était en l’an 2000 alors il y avait un côté magique.
Une Française à Londres
Londres Mag : C’est la première fois que vous venez à Londres ?
Tonie Marshall : Non mais cela faisait longtemps que je n’étais pas venue, au moins cinq ou six ans. C’est idiot puisque j’adore cette ville, je devrais venir plus souvent. Quand je viens j’aime beaucoup marcher, aller visiter les musées et voir les expositions temporaires. Par contre je ne connaissais pas l’Institut français et je trouve l’endroit très agréable.
Londres Mag : Si vous deviez organiser un dîner à Londres, vous inviteriez qui ?
Tonie Marshall : J’inviterais Diana et Oscar Wilde pour leur poser deux ou trois questions, et puis Boris Johnson juste pour voir !
Londres Mag : Harry ou William ?
Tonie Marshall : Harry !
Londres Mag : Meghan ou Kate ?
Tonie Marshall : Ho je choisirais Meghan, je prendrais le couple.
Londres Mag : Theresa May ou Elisabeth II ?
Tonie Marshall : Theresa May … Franchement on ne sait que choisir … vous savez ce qui est drôle c’est que quand j’étais en France et que je sortais mon film en octobre dernier, à chaque fois que j’essayais de dire que les femmes pouvaient accomplir des choses intéressantes quand elles étaient aux commandes, on me renvoyait toujours l’image de Margaret Tatcher, c’est quand même dingue !
Propos recueillis par Marie-Lys de Saint Salvy