Alors que Theresa May fait face à des réticences de son propre camp sur l’accord trouvé avec l’Union européenne, la Première ministre doit également faire face à l’opposition de certains pays européens qui bloquent encore l’accord sur certains sujets.
Theresa May a rencontré Jean-Claude Juncker à Bruxelles mercredi 21 novembre afin d’essayer de trouver des solutions aux derniers obstacles qui bloquent encore la validation de l’accord. En effet, trois sujets majeurs restent irrésolus. Le premier obstacle à la ratification de l’accord par les pays européens est la situation de Gibraltar. Pedro Sanchez, le président du gouvernement espagnol, a déclaré qu’il ne soutiendrait pas le projet d’accord sans une mention explicite d’un droit de veto de l’Espagne sur l’avenir de Gibraltar. Pedro Sanchez veut que le sort de Gibraltar soit traité à part de l’accord, lors de discussions bilatérales entre l’Espagne et le Royaume-Uni. Un protocole spécial sur Gibraltar a déjà été joint à l’accord sur le Brexit. Il garantit la libre circulation des travailleurs frontaliers durant la période de transition et prévoit la création de six commissions bilatérales pour aborder les points cruciaux comme la coopération policière et fiscale.
Reiteramos nuestra postura. Somos un Gobierno europeísta, pero no podemos aceptar un acuerdo sobre el #Brexit que cuestione la capacidad de #España para negociar con Reino Unido el futuro de Gibraltar. Si esto no cambia, el domingo votaremos no en la cumbre europea. pic.twitter.com/dvj10ZW67y
— Pedro Sánchez (@sanchezcastejon) November 21, 2018
Outre le sort de Gibraltar, la question de la pêche pose également problème. En effet, aucun accord sur la pêche n’a été conclu dans le cadre de la question irlandaise. Certains pays comme la France et le Danemark craignent que l’accès de leurs pêcheurs aux eaux territoriales britanniques riches en ressources ne soit pas garanti. Pour le moment, le traité mentionne juste qu’un accord sur la pêche entre Londres et Bruxelles doit intervenir avant le 1er juillet 2020, ce qui est insuffisant aux yeux de ces pays. Enfin, certains pays européens craignent un dumping économique du Royaume-Uni. Toujours dans le cadre de la question irlandaise, le Royaume-Uni pourrait participer à la fin de la période de transition à une union douanière afin de ne pas réinstaurer de frontières physiques avec l’Irlande. Or, les produits britanniques ne seraient soumis qu’à des clauses de « non-régression » en matières d’environnement, de fiscalité et de droit du travail. Les Britanniques s’engageraient à respecter les règles européennes au moment du Brexit mais pas à s’adapter à l’évolution du droit européen. La France et d’autres pays s’inquiètent donc des risques de dumping sur le plan environnemental, fiscal et social. Les diplomates et négociateurs britanniques et européens espèrent pouvoir régler ces questions avant le dimanche 25 novembre, date du sommet européen spécial sur le Brexit.
Julien Troussicot