Alors que se tenait hier un sommet entre les chefs d’Etat et de gouvernement européens à Bruxelles, le maire de Londres a attaqué la gestion du Brexit de Theresa May. La Première ministre doit faire face à de nombreuses oppositions, que ce soit celles des Etats européens, des partisans d’un nouveau référendum et même de son propre camp où certains regrettent son manque de dureté.
« Incompétente », tel est le mot utilisé par Sadiq Khan dans un communiqué pour parler de Theresa May au lendemain du sommet européen. Dans sa déclaration, il évoque ainsi sa crainte d’un no deal causé justement par l’incompétence de la Première ministre. Selon le maire de Londres, le seul choix est soit un mauvais accord, soit pas d’accord du tout. Dans les deux cas, les conséquences économiques pour Londres seraient désastreuses. Sadiq Khan exprime également son regret de n’avoir jamais rencontré Dominic Raab, le ministre en charge du Brexit, afin de lui exposer les besoins spécifiques de Londres dans l’optique du Brexit, et ce malgré ses demandes répétées. Le maire de Londres a exprimé son souhait de voir les citoyens britanniques consultés pour l’accord final. Sadiq Khan, qui s’était déjà exprimé en faveur d’un second référendum, se pose ainsi un peu plus en tant que principale figure politique anti-Brexit face au gouvernement de Theresa May.
Cette déclaration de Sadiq Khan fait suite au sommet européen express qui s’est tenu mercredi soir à Bruxelles. Theresa May a défendu sa position durant une quinzaine de minutes avant de laisser les 27 chefs d’Etat et de gouvernement diner entre eux. Le but de ce sommet était de créer une atmosphère propice à un accord. Or, Theresa May n’a présenté aucune nouvelle proposition aux 27 qui ont donc décidé qu’il n’était pas nécessaire de se réunir en novembre comme c’était prévu. Les négociations achoppent toujours sur la question irlandaise. Si l’Union européenne a proposé de créer un statut spécial pour l’Irlande du Nord, lui permettant de rester dans le marché commun, cette solution a été rejetée par May et ses alliés unionistes du DUP car cela menace l’intégrité du Royaume-Uni. Une des options évoquées à la suite de ce sommet est la prolongation de la période de transition qui devait initialement s’étendre du 29 mars 2019 au 31 décembre 2020. Cela permettrait à Theresa May d’avoir plus de temps pour réfléchir à une solution pérenne pour la frontière ne mettant pas en cause l’accord de paix de 1998 et également de composer une majorité politique solide. Cependant, le possible allongement de la période de transition a été critiquée par une partie des conservateurs car le Royaume-Uni serait enfermé dans une situation de statu quo et devra se soumettre plus longtemps aux normes européennes sans pouvoir donner son avis dans les décisions.
Julien Troussicot