Nana Mouskouri chantera son dernier album, Forever Young à Londres ce 17 octobre 2018 au Royal Festival Hall. En pleine tournée depuis la sortie de l’album en mars dernier, elle a pris le temps de répondre aux questions de Londres Mag.
Le titre de votre dernier album, ‘Forever Young’ semble un beau symbole de votre rapport à la musique, à vos 83 printemps. La chanson est-elle votre cure de jouvence ?
Nana Mouskouri : Le titre Forever Young n’est pas tellement pour moi. J’ai 83 ans, pour moi ce sont les jeunes qui amènent la musique vers l’avenir. Ainsi la musique en elle-même reste Forever Young. Avec les artistes de ma génération, nous avons fait cela dans notre temps, nous avons appris de nos prédécesseurs et ils m’ont beaucoup apporté. Je voulais tout simplement pouvoir faire pareil pour ces nouveaux artistes, ce sont eux qui ont la responsabilité d’aller plus loin.
J’ai aussi eu d’autres influences dans cet album, comme Charles Aznavour et Bob Dylan, tous deux parlent de jeunesse. Ils nous apprennent qu’il faut la vivre comme il faut parce qu’une fois que cette jeunesse est passée, il n’est plus possible de la retrouver. C’est pour cela qu’il faut essayer de rester ‘Forever Young’.

©KateBarry
Il y a une très grande diversité dans votre album tant dans les reprises que dans le choix des interprètes, était-ce là un moyen de surprendre l’auditeur ?
Nana Mouskouri : Pas vraiment, Amy Winehouse par exemple, ce n’est pas forcément mon style habituel mais elle a fait beaucoup de jazz et c’est quelque chose que j’aime beaucoup aussi. Quand je reprend des chansons d’artistes, ce n’est par nostalgie, mais par admiration et c’est aussi une façon de les faire rester ‘Forever Young’.
Il y a également eu des événements qui m’ont appelé à chanter des chansons de mon époque. J’ai toujours aimé le Rock’n’Roll et la façon dont Johnny Hallyday chantait mais à l’époque ce n’était pas encore mon style. Maintenant j’ai grandi et je les vois autrement, je ne suis toujours pas une rockeuse mais je peux chanter à ma manière ce genre de choses.
Toute ma vie j’ai eu la chance de connaître des chanteurs de partout qui chantaient en diverses langues. Cela m’a permis d’apprendre, de progresser en écoutant et en chantant d’autres choses, de diversifier mon répertoire sans pour autant changer totalement mon identité. Je suis grecque, je chante grec mais j’ai appris à travers d’autres identités que j’apprécie et que je respecte.
Vous avez chanté plusieurs fois à Londres, notamment pour l’Eurovision de 1963 où vous représentiez le Luxembourg et plus tard au Royal Albert Hall où vous avez reçu un disque d’or, quel effet cela vous fait de retourner dans cette ville ?
Nana Mouskouri : À l’Eurovision j’ai fini huitième, mais c’était très important pour moi parce que la productrice de cette émission m’a appelé quelques mois après pour me proposer quelque chose avec BBC2. J’ai donc pu faire une émission personnelle, « Nana Mouskouri présente » tous les samedis. C’était mon émission avec mes invités, Keith Richard et d’autres chanteurs anglais, et nous chantions ensembles. Je présentais mes chansons en grec, français, anglais… C’était devenu une sorte de carte de visite où je chantais dans plusieurs langues.
J’étais aussi en Angleterre sur le plateau quand McCartney a présenté Hey Jude pour la première fois. C’est resté un souvenir très émouvant pour moi.
Justement quel effet cela vous fait de revenir en Angleterre après le Brexit ?
Nana Mouskouri : Pour moi l’Europe a toujours été avec les anglais, cela ne m’a pas rendu heureuse qu’ils aient choisi de partir. Mais quand un pays décide quelque chose ce n’est pas possible de l’empêcher de faire ce qu’il a envie.
La Grèce a failli sortir aussi, je suis très contente qu’elle soit restée, moi j’aime l’Europe mais je ne peux pas venir en Angleterre et parler de cela, c’est aux habitants du pays de décider, il faut respecter leur choix.
Et quel a été votre meilleur souvenir à Londres ?
Nana Mouskouri : Ce n’est pas facile de choisir, il y a eu des magnifiques spectacles au Royal Albert Hall dont je me souviendrais toujours. Mais j’aime Londres, j’aime l’atmosphère, j’aime aussi ce mélange du monde et des cultures. J’y aime les monuments, les studios… Je pense qu’il faut découvrir petit à petit Londres pour vraiment connaître cette ville.
C’est très difficile de choisir un quartier préféré pour cela. Je dirais quand même Covent Garden, c’est très impressionnant. Mais ce qu’il y a de bien à Londres c’est que même en se baladant, il y a toujours de beaux endroits. Pour moi Londres c’est comme Paris, quand quelqu’un aime une ville c’est pour ce qu’elle est. Et j’aime y faire une promenade revoir des choses que je n’ai plus vu depuis des années.
Ma fille y a étudié pendant des années et je n’ai jamais décidé d’y vivre mais c’était toujours un plaisir d’aller la voir là-bas et cela me fait toujours très plaisir d’y revenir.
Votre pochette d’album est très différente de ce à quoi vous nous avez habitué, quelle était votre inspiration derrière celle-ci ?
Nana Mouskouri : J’en avais assez de voir ma tête sur le recto du disque. Quand j’ai fait l’Opéra Garnier de Paris en 2008 un homme m’avait dessiné et a donné cette image à mon producteur de toujours et mon mari. Et il a gardé ce dessin, il aimait la façon dont me voyait cet artiste. Je m’habille très simplement donc ce n’était pas forcément quelque chose que je ferrai dans ma vie mais autour de moi tout le monde a aimé cette représentation de moi. C’était une sorte de clin d’oeil.
Vos iconiques lunettes sont encore sur cette pochette d’album.
Nana Mouskouri : Oui, j’ai toujours eu du mal avec mes lunettes. Mais j’étais myope, j’avais besoin de lunettes et je voulais être pareille dans la vie que sur scène. Je les ai gardé même si cela a déplu dans le métier. Mais ce n’était pas une image que je voulais me donner, c’était juste quelque chose dont j’avais besoin pour voir.
Vous avez décrit cet album comme votre histoire racontée en chansons, si vous ne deviez en choisir qu’une, laquelle serait-ce ?
Nana Mouskouri : C’est une question très difficile que vous me posez là, je suis un mélange de toutes ces chansons. Barbara est une chanteuse qui me tient tout particulièrement à coeur parce que c’était une amie. C’était très difficile de trouver une chanson d’elle que je pourrai chanter parce qu’elle était si unique. Mais je l’aimais énormément et il fallait qu’elle soit dans cet album. Sinon, peut-être la dernière chanson de l’album, Wallflower de Bob Dylan. Si vous l’écoutez vous comprendrez, je ne veux pas rester toute seule.
Clara Rosin
Pratique :
Le 17 octobre
à 19h30
Royal Festival Hall
Southbank Centre,
Belvedere Rd,
Lambeth, London SE1 8XX
De £45 à £65