Française, voyageuse et maman d’une fille de 13 ans, Olivia Lerolle expose ses peintures à Elephant & Castle le temps d’une halte. Inspirée au départ par le rock and roll, c’est dans une ambiance familiale que Londres Mag a rencontré l’expatriée bohème, entourée de ses proches. Sa série de peintures de femme sur plexiglass est à découvrir jusqu’au 28 juillet dans les locaux de la Factory 45.
Vous exposez aujourd’hui des portraits de femmes fortes et iconiques comme Grace Jones qui diffèrent de vos précédents portraits de rock-stars masculines. Qu’est-ce qui vous a inspiré ce changement ?
Je ne sais pas, c’est peut-être les 47 ans, j’ai besoin d’être un peu plus femme qu’adolescente endurcie. J’ai toujours travaillé plein de techniques différentes mais je n’arrivais pas vraiment à passer le cap de ces séries. J’ai fait plusieurs expositions ces dernières années sur différents thèmes qui étaient plus Rock & Roll. Je voulais me consacrer aux femmes et à leur beauté, parce que c’est une époque où on a besoin de se soutenir. Il y a une nécessité, un besoin de se retrouver.
Aujourd’hui vous exposez à Londres capitale du rock british : un clin d’œil à vos travaux précédents ?
La dernière fois que je suis venue ici, j’avais 14 ans. Les icônes du rock and roll qui m’inspirent c’est au départ les années 70, Jimmy Hendrix, les Stones, Depeche mode, Zappa, Bowie. C’est peut-être la gestuelle qui veut ça. Il y a une gestuelle, une énergie. J’adore danser. J’ai deux passions dans la vie : les chevaux et la musique. Je pense que la musique sauve de beaucoup de choses dans la vie.
Cette série consacrée aux femmes, est- ce une façon de se recentrer sur la féminité?
Je n’avais pas d’inspiration sur les mecs. Là, c’est uniquement sur les femmes, la beauté. Ce sont des icônes que j’aime bien. Dans la série, il y a une danseuse, comme j’étais danseuse étant petite. Je n’ai pas forcément de prétention technique, mais j’ai besoin de m’exprimer, de partager des images et des couleurs avec les autres et puis de leur montrer ce que j’ai, dans la féminité. J’avais besoin de couleurs et je pense que les gens ont besoin de couleurs eux aussi.
Quel était votre processus créatif ?
Ce sont des photos que j’adore, que je pique à droite à gauche. Je les peins sur un canvas tranquillement. Ensuite je télécharge une photo en Haute Définition que je mets sur mon ordinateur. Je la nettoie au maximum. Je l’imprime sur un plexiglass, et puis je peins derrière. Ce sont des séries de 1 à 8 avec toujours le même graphisme, la même femme avec des couleurs différentes. Et la superposition se fait là. L’avantage c’est qu’on commence par le détail et on termine par le fond. C’est un effet miroir qui m’intéressait. J’avais déjà fait une série sur plexiglass mais je n’arrivais pas à avoir la profondeur derrière. C’était trop statique, alors j’ai essayé la superposition.
Vous qui avez voyagé aux quatre coins du monde : est-ce le rapport à la matière que vous recherchez ?
J’ai grandi en Malaisie. J’ai vécu à Saint Barth’ car j’ai monté un business là-bas avec mon mari. J’ai la chance d’avoir voyagé, d’avoir fait des treks au Népal, au mont Everest. J’ai vraiment un “no man’s land”. Je pense que chaque être humain a besoin de reconnaissance pour pouvoir essayer de se stabiliser dans sa vie quelque part, quoi qu’on fasse.
Il y a toujours eu cette nécessité d’écrire, de dessiner, de prendre des photos, de faire des carnets de voyage comme des souvenirs. Le papier est important : tout ce qui est digital aide, mais je pense que les jeunes aujourd’hui sont trop là-dedans : ils perdent un peu cette saveur de lire un bon bouquin, de tourner les pages. Je recherche ce “toucher”. Tous mes carnets de voyages ont des morceaux de bois ramassés par terre, des aquarelles, des épis, des écrits et des photos.
En tant qu’expatriée française est ce que l’on recherche la reconnaissance du microcosme artistique de son pays ?
Je n’ai pas de frontières. Je ne pense pas que parce que l’on est né quelque part que l’on doit y rester : la terre tourne, je voudrais tourner avec elle. Dans mon parcours, j’ai pu côtoyer des gens très pauvres au Népal et des gens très riches à Saint Barth sans pour autant avoir de jugements.
En fait tout part de là, c’est aussi simple que cela, c’est l’école de la vie. Pouvoir un petit peu prendre la vie comme elle est, la remercier et être présente quand il faut.
Akila QUINIO © Solène Lanza
PRATIQUE
44-46 Newington Causeway, London SE1 6DR
Exposition jusqu’au samedi 28 juillet
Gratuit