Lundi 23 avril, quatre humoristes belges performaient sur la scène du Comedy Store. La rédaction de Londres Mag les a rencontrés avant le spectacle, a adoré le show et a décidé de vous proposer une mini-série de leurs portraits. Premier volet avec Pierre-Emmanuel, alias PE.
L’humour belge se frotte au monde entier
C’est ma deuxième fois à Londres. La première fois, il y a deux ans, le spectacle s’est bien passé. Mais il y a toujours un petit côté stressant de s’adresser à des gens d’autres pays. Après, j’ai fait un petit tour du monde : j’ai été en France, au Maroc, à Dubaï, en Martinique, au Canada… Je me dis que le public francophone n’est pas forcément différent.
Le Belge et l’anglais
Ce qu’il y a de bien, c’est que, venant de Belgique, on nous dit “vous faites de l’humour absurde”. Mais les Anglais maîtrisent tout aussi bien le domaine. On a bien vu avec les Monthy Python. On n’a rien à leur apprendre, ni à leur public parce qu’ils ont cela en eux. Si on me demandait de faire mon spectacle en anglais, je dirais clairement non. Ce n’est pas ma langue et même si je parlais anglais, cela ne m’intéresse pas. J’aime bien les choses dans leur langue natale. Par exemple, j’ai rencontré Gad Elmaleh, alors que je faisais la première partie de son spectacle “Tout est possible” avec Kev Adams. C’était chouette de pouvoir discuter avec des gens qui ont un bagage hyper impressionnant derrière eux et qui ne se prennent pas la tête. J’ai pu leur poser des questions comme un enfant, comme si je n’avais jamais fait de scène. Eh bien, je suis fasciné de voir Gad qui fait de l’humour en anglais avec beaucoup de talent. Je soutiens les démarches parce que c’est quelque chose de fort, mais personnellement cela ne m’attire pas.
Crever le grand écran ?
Si un jour je le fais, je pourrai dire après “j’adore” ou “je préfère la scène”. Mais je pense que je reviendrai d’office sur la scène, que je préfère déjà à la radio, où je fais des chroniques en Belgique. Sur scène, on peut aller très loin dans ce que l’on veut raconter et c’est cela qui ne me fait pas peur. Comme c’est du spectacle vivant et que, fondamentalement, on voit que je ne suis pas quelqu’un de méchant, si je sens que le personnage que j’incarne va trop loin, je peux directement dire : ok, je me suis planté, on ne va pas en faire un fromage. J’adore parler avec les gens.
Un public cosmopolite, sous l’égide de Desproges
Ce que j’aime bien, maintenant, dans les salles, c’est qu’il y a de plus en plus de gens d’horizons différents. Je suis content, quand je vois tout ce melting pot parce qu’on peut s’amuser avec tellement de choses ! Cela m’arrive de faire une blague et de me dire : je suis à la limite du racisme. Moi je sais que je ne le suis pas, mais peut-être que le rire que je vais recevoir vient de quelqu’un qui l’est et ce n’est pas nécessairement la personne que j’ai envie de faire rire. C’est d’ailleurs le propos de Desproges quand il dit : on peut rire de tout mais pas avec tout le monde. Lui ne voulait pas rire avec Jean-Marie Le Pen. Et moi non plus, je n’ai pas envie de faire rire un raciste, je lui dis juste : écoute, ouvre un tout petit peu ton esprit et peut-être qu’après, on pourra rire ensemble.
Le souvenir de Londres
Je n’ai pas d’anecdote particulière à Londres. Mais je suis venu plus petit, avec ma maman, vers Canterbury. On s’était achetés des Doc Martens et c’était trop la folie, parce que c’était l’époque. J’ai l’image de trois enfants qui buvaient de la bière et fumaient une clope et je me disais : on a le même âge et moi je ne pouvais pas faire ça !
© Cypriane El-Chami