Le NHS, National Health Service, a été créé à Manchester en juillet 1948 par le ministre de la Santé de l’époque, Aneurin Bevan. L’objectif du gouvernement britannique était d’offrir à la population une couverture universelle et gratuite. Pour la première fois, les hôpitaux, médecins, infirmiers, pharmaciens, opticiens et dentistes étaient regroupés sous une seule et même institution pour fournir ce nouveau service. Les principes du NHS n’ont pas changé depuis près de 70 ans et ce système basé et financé sur la solidarité est le seul de ce type dans le monde à l’heure actuelle. Mais tout n’est pas rose et d’autres alternatives se présentent pour les expatriés.
GP, kézako ?
Avez-vous déjà entendu parler du GP ? Ce terme est un des premiers à apprendre quand on s’installe au Royaume-Uni. GP signifie General Practitioner et est le pendant britannique du médecin généraliste français. Pour obtenir un rendez-vous, il est primordial de s’inscrire d’abord dans un centre médical. Centre défini en fonction de votre lieu de résidence. Car c’est votre code postal qui détermine où vous serez traité. Rien à voir avec la France, où vous avez le choix de la localisation de votre médecin. Pour voir de quel centre vous dépendez, il faut vous rendre sur le site du NHS et entrer votre zip code. Plusieurs cabinets vous seront proposés. Des notes sont attribuées à chacun et vous pouvez donc librement choisir celui qui vous semble le plus adéquat à vos besoins et attentes. Mais peut-on vraiment se fier à cette évaluation ? Reste à savoir si le centre prend encore de nouveaux patients. Si ce n’est pas le cas, vous devez vous adresser à un autre, et ainsi de suite. Et dans le cas où tous les cabinets sont complets, vous avez alors le droit de regarder dans les quartiers voisins.
Le premier rendez-vous
Quand vous avez enfin trouvé le centre médico-social adapté à vos souhaits, il faudra vous y rendre pour vous y inscrire. Vous devrez fournir une pièce d’identité, votre numéro de sécurité sociale anglais (National Insurance Number, NIN) et un justificatif de domicile permettant de s’assurer que le centre est affecté à votre zip code. Vous devrez remplir un formulaire. La validation se fait le jour-même et on vous attribuera un numéro NHS. Ce n’est qu’à ce moment-là que l’on vous donnera votre premier rendez-vous. Si c’est une urgence, il faut impérativement le préciser à la réception. Les délais d’attente peuvent être longs, aussi ne vous attendez pas à voir le GP tout de suite. Vous devrez d’abord rencontrer une infirmière, qui vous auscultera et vous fera des analyses. Après ce premier passage, vous aurez enfin votre sésame pour rencontrer votre GP.
Top chrono
N’imaginez pas que votre rendez-vous chez le généraliste durera une demi-heure, comme c’est souvent le cas en France. Au Royaume-Uni, vous n’aurez le droit qu’à dix minutes maximum. En règle générale, vous pourrez aborder une seule question (voire deux) avec votre GP. Si vous avez d’autres questions médicales, vous devrez reprendre rendez-vous pour une prochaine rencontre.
Qui a le droit ?
Quand il est dit que le service de santé britannique est gratuit pour tous, c’est le cas. Pour les expatriés, quelle que soit leur nationalité, il suffit de travailler au Royaume-Uni. Les membres de la famille peuvent également bénéficier du NHS, comme les étudiants présents sur le sol britannique durant plus de six mois.
Des centres des plus hospitaliers
Il est essentiel de savoir que l’admission à l’hôpital se fait par l’intermédiaire du service des accidents, des urgences ou sur demande de votre GP. Les séjours hospitaliers et les médicaments prescrits sont entièrement gratuits, sauf si vous avez des demandes spéciales (exemple : chambre individuelle). Certains centres hospitaliers sont équipés de services spécialisés (maux de ventre, problèmes de peau, brûlures, piqûres d’insectes…), appelés “Walk In”, où il n’est pas nécessaire de prendre rendez-vous. Il suffit d’attendre son tour.
Compte d’apothicaire
Côté pharmacie, les choses ne fonctionnent pas tout à fait comme en France. Chaque médicament coûte en moyenne £8. Sont exempts de paiement les enfants de moins de 16 ans, les étudiants de 16 à 19 ans, les hommes à partir de 65 ans et les femmes de plus de 60 ans, ainsi que les femmes enceintes et les mères d’enfants de moins d’un an.
Des soins en dents de scie
Vous pouvez avoir accès aux dentistes du NHS. Vous devrez payer 80 % des frais. Mais attention, concernant les prothèses dentaires, couronnes, bridges ou autre intervention de correction dentaire, cela vous coûtera très cher.
Coup d’oeil sur l’ophtalmologie
Les check-ups pour votre vue sont en général payants, sauf si vous prouvez que vos revenus sont faibles ou si vous êtes étudiants de moins de 19 ans. Pour les lunettes de vue, elles sont payantes. Certaines personnes, en fonction de leurs conditions de ressources ou d’âge, peuvent obtenir des aides pour minimiser les frais.
Un puits sans fonds
Comment offrir un service entièrement gratuit ? En le finançant grâce aux impôts, et non grâce aux cotisations sociales prélevées sur les salaires, comme c’est le cas en France. 80 % des fonds du NHS proviennent de la taxation de la population, représentant ainsi près de 120 milliards de livres par an. Mais cela ne suffit plus à combler le déficit, près de 3 milliards de livres, qui n’en finit pas de se creuser. Le système de santé britannique traverse depuis la fin des années 1980 une crise chronique due à des années de sous-investissements et de gestion bureaucratique lourde, mais aussi au vieillissement de la population et à la croissance démographique. Ceci a provoqué un allongement exponentiel des délais d’attente pour avoir accès aux soins et une dégradation de la qualité du service dispensé. Plusieurs réformes ont été engagées par les différents gouvernements successifs pour tenter de stopper l’hémorragie financière. Face aux conséquences, de plus en plus de Britanniques se tournent vers le secteur privé, accessible généralement aux plus gros salaires. Pour les expatriés français, de nombreuses alternatives se présentent également, grâce à l’ouverture de centres médicaux francophones.