Le Bitcoin, tout le monde (ou presque) en a déjà entendu parler, mais savez-vous vraiment de quoi il s’agit ? D’où vient cette crypto-monnaie qui ne cesse de se développer ? A quoi sert-elle et comment s’en procurer ? Explications.
En octobre dernier, un propriétaire a mis en vente sa maison située à Notting Hill pour 17 millions de livres. Particularité de son annonce : il n’accepte le paiement qu’en Bitcoin. C’est la première fois qu’une transaction de ce type ne peut se régler qu’avec la crypto-monnaie la plus connue.
“Une des meilleures inventions technologiques”
Le Bitcoin a été inventé en 2008 par Satoshi Nakamoto, dans la foulée de la crise financière et bancaire de 2007. Pour Dinis Guarda, expert en la matière, auteur de nombreux ouvrages sur les crypto-monnaies et maître de conférence dans plusieurs universités européennes, “le Bitcoin est issu de la nécessité d’un nouveau système, plus juste.” Depuis cette date, la monnaie n’a cessé de prendre de la valeur et de se développer. En 2010, un développeur a pour la première fois acheté deux pizzas pour la somme de… 10 000 Bitcoin.
C’est surtout à partir de 2015 que cette monnaie a connu sa plus forte expansion. A cette époque, son nom est parfois associé à des achats effectués sur le Darknet, notamment pour des armes ou de la drogue. Dinis Guarda insiste sur le fait qu’il ne faut pas la réduire à cet épisode. “Cela reste une des meilleures inventions technologiques de ces dernières années, souligne-t-il, en particulier dans un contexte de digitalisation de l’économie mondiale. 10 à 12 % de l’économie est digitalisée, il va y avoir de plus en plus de solutions comme les Bitcoin.” D’après lui, il existerait aujourd’hui près de 1 250 crypto-monnaies différentes.
Autrefois l’apanage des “geeks” – ces passionnés d’informatique – ce phénomène monétaire est devenu grand public au fil du temps. N’importe qui peut en théorie s’en procurer. La démarche est simple : il faut se créer un portefeuille électronique et échanger une monnaie au cours légal (euro, dollar, livre) contre des Bitcoin. Soumise à des fluctuations, sa valeur change fréquemment. Au 14 novembre 2017, un Bitcoin s’échangeait contre 5 569 euros ou 6 900 dollars, après avoir frôlé les 8 000 dollars les semaines précédentes. Dinis Guarda met en garde contre la spéculation qui touche la monnaie et rappelle que comme sur n’importe quel marché financier, il existe toujours un risque de perdre de l’argent.
“Pour arrêter le Bitcoin, il faut arrêter Internet”
Mais qui s’en sert vraiment ? Le maître de conférences explique que cette monnaie est surtout profitable aujourd’hui aux entreprises qui effectuent des activités à l’international. Le spécialiste explique que l’utilisation d’une crypto-monnaie permet des transactions beaucoup plus rapides et sécurisées. Le propriétaire de la maison de Notting Hill utilise d’ailleurs ces mêmes arguments pour justifier son choix. Au-delà de son aspect pratique en tant que moyen de paiement, le Bitcoin est également un actif prisé des investisseurs. Avec un cours qui fluctue régulièrement, il constitue ainsi un placement qui peut se révéler profitable à terme.
Le système repose largement sur une technologie baptisée “blockchain”. Chaque transaction effectuée est consignée dans un registre public et chaque bloc correspond à une transaction. Il est impossible de dupliquer la monnaie. Il y a actuellement 21 millions de Bitcoin en circulation. S’il n’y a pas de banque centrale comme habituellement pour les autres monnaies, l’algorithme qui régule le système est toutefois géré par la Bitcoin Foundation.
Preuve que l’engouement pour la crypto-monnaie ne cesse de grimper : une start-up londonienne vient de lancer une carte bancaire qui devrait permettre aux usagers de payer en Bitcoin dans la capitale anglaise. Comme le précise Dinis Guarda : “Pour arrêter le Bitcoin, il faut arrêter Internet.”