La Serpentine Gallery dévoile son pavillon éphémère tous les étés au cœur de Hyde Park. Un bâtiment visible de juin à octobre qui séduit 250 000 visiteurs par an. Le but de vouloir rapprocher l’architecture contemporaine du quidam a été atteint. Depuis 2000, la commission (composée du directeur artistique, PDG des lieux mais également d’architectes) se réunit pour décider quel concepteur reconnu internationalement sera l’heureux occupant de l’espace de 300 m2 devant la galerie d’art. Le critère principal pour être sélectionné : n’avoir pas encore créé de bâtiments sur le sol anglais. Le créateur a alors six mois pour imaginer et faire ériger sa construction selon un cahier des charges précis. Sa proposition doit refléter l’atmosphère café, un lieu de débats et de réunions.
Une année Kéré(ment) ethnique chic
Il souffle un regain d’exotisme dans Kensington Gardens. Le 17e pavillon est l’œuvre de Diébédo Francis Kéré, architecte basé à Berlin et né au Burkina Faso. Le bâtisseur, déjà remarqué lors de son installation à la Royal Academy of Arts et consacré avec le musée de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge International à Genève, renoue avec ses souvenirs d’enfance. Fortement inspiré par la vie à Gando, village burkinabé, le concepteur veut reconnecter les visiteurs à la nature. Les curieux se rassemblent autour de la structure en bois, comme autour de l’arbre de réunion africain et par tous les temps. Le créateur de cette année a dû jouer avec un nouveau facteur extérieur bien anglais : la pluie ! Sous la canopée, il sera toujours possible d’être protégé et même d’admirer des jeux d’eaux. Un bâtiment qui répond aussi aux engagements écologiques et idéologiques de l’artiste adepte du vivre ensemble.
Retour dans le temps avec quatre crus particulièrement marquants
2003, le rêve de glaces d’Oscar Niemeyer
Il a conçu la Maison du parti communiste français, l’ancien Siège du quotidien l’Humanité et participé à l’édification du Pavillon des Nations Unies à New-York. Le légendaire architecte s’était montré pourtant très discret sur le sol anglais. En 2003, il imagine une structure simple et ingénieuse, comme une île à venir explorer, reliée au monde extérieur uniquement par une passerelle. Une réalisation très proche de son dessin originel et l’une des ses dernières réalisations en Europe avant son décès en 2012.
2007, l’envie d’apesanteur d’Olafur Eliasson et de Kjetil Thorsen
Le temps était à l’heure nordique en 2007 et pourtant le duo scandinave n’avait qu’une idée en tête : faire profiter les visiteurs de l’incroyable panorama de Hyde Park. La collaboration entre l’artiste danois-islandais Olafur Eliasson et l’architecte norvégien Kjetil Thorsen s’est transformée en expérience ludique dans l’immense toupie ajourée. Mariage très apprécié entre l’ingénierie civile et les jeux de lumières colorées.
2010, l’hommage au double-deck de Jean Nouvel
Pour les 40 ans de la Serpentine Gallery, l’architecte français était à l’honneur. Il s’attaquait après le Musée du Quai Branly à une autre approche de la nature. Le créateur de la Philharmonie de Paris mettait en avant le rouge des bus à deux étages dans un univers très industriel et un merveilleux contraste avec le vert de Kensington Garden. Pas d’entorse au règlement mais un timing parfait car il signait la même année le futuriste centre commercial en face de la cathédrale Saint Paul, One New Change.
2012, l’aventure après Pékin d’Herzog & de Meuron avec Ai Weiwei
Ce n’était pas une grande première, au Royaume-Uni, pour Herzog et de Meuron. Le duo d’architectes suisses, déjà concepteurs de la Tate Modern, pronlongeaient leur association avec l’artiste chinois Ai Weiwei. Quatre ans après le parc olympique de Pékin, ce 12e pavillon rendait hommage aux réalisations précédentes. Dans une esthétique archéologique, onze petites colonnes sublimaient un douzième pilier, immense, le pied d’un toit presque flottant. Magique !